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Interview exclusive

une organisation 100% réussie

Grand Prix France 1968 250cc (1/2)

De tradition, les Grands Prix de France tiennent en Europe occidentale la première place parmi les organisations similaires. Ceci parce que les clubs auxquels la FFM confie les épreuves des Championnats du Monde mettent tout en œuvre, argent, compétences, goût, idées neuves, pour porter à la perfection le niveau de ces compétitions hors-ligne.

En accordant pour la première fois cette année au Moto-Club Thouarsais la responsabilité de prendre rang, après Laguépie, Niort, Pernes, Mayenne, etc…en tant que promoteur d’une manifestation déjà élevée au plus haut degré de standing, La Fédération a parfaitement choisi.

Le club mené de main de maître par le Président Lervois, le Secrétaire Général Govin et toute une équipe solide, efficace, soudée entre tous ses éléments, a présenté le 12 mai une compétition magnifique dans des conditions idéales.


Les Soviétiques regardent ensemble éclater la fusée qui libèrera leur drapeau national


Une organisation d’ensemble gigantesque, ne laissant pas la place à la plus petite insuffisance, un grand luxe dans le décor, un personnel considérable pour pourvoir à tous les besoins, une réception brillante de toutes les personnalités présentes, une parfaite compréhension des besoins de tous et, au-delà , une qualité sportive exceptionnelle des courses sont là pour témoigner du ait que le MC Thouarsais a fait encore gravir un échelon en direction de l’idéal.

Ce qui d’ailleurs n’est pas pour étonner : il y a si longtemps que le MC Thouarsais en dehors de toute activité officielle, nous donne chaque année la définition même d’un brillant motocross international qui, régulièrement, s’attire tous les éloges.

Plus de 20 000 spectateurs sont venus cette année voir ce qui leur était proposé à un niveau encore infiniment supérieur. Et, parmi ce public immense, quantité de motocyclistes venus de France et de l’étranger dans le cadre de la Concentration Internationale aussi réussie que le Grand Prix lui-même.

Une foule qui reviendra voir du sport motocycliste, qui comprendra le motocyclisme car la manifestation de Thouars lui en a fourni deux images, touristique et sportive, aussi attrayantes l’une que l’autre. Aussi suis-je sûr, en disant mon admiration au MC Thouarsais pour son admirable succès d’exprimer en ces lignes l’opinion générale.

Maintenant, force m’est de parler de la course. Une course sensationnelle, hallucinante même par son rythme, par l’intensité des efforts consentis, par l’incroyable, par l’audacieuse beauté des efforts consentis par le super-crossman qu’est Joël Robert, par ses talentueux adversaires Andersson, Geboers, Arbekov, Bickers, Konecy, etc…

Une course, hélas, où il est apparu clairement que même notre champion Jacky Porte n’avait pas son mot à dire. Non qu’il ne se soit pas employé, non que ses camarades du Team tricolore n’aient pas eux aussi, à une ou deux exception près, essayé de faire de leur mieux. Mais ni le métier, ni la préparation, ni le moral inter n’y sont !


MM. Bouvet, Lesueur, Seery et Druet apportent leurs voeux de succuès aux membres de l'Equipe de France


Heureusement, le Président Lesueur, le sélectionneur-manager Marcel Seery, leurs plus intimes collaborateurs et, encore, la plupart des membres de la Commission Fédérale de Motocross sont clairement conscients des motifs de notre inexistence en matière de Championnats du Monde (côté coureurs)et occupés à prévoir les grandes réformes qui permettront, dans quelques années, de voter des félicitations non seulement aux organisateurs de nos Grand Prix, mais tout autant aux coureurs qui porteront le maillot bleu de France, timbré du coq gaulois !

C’est sur cette intime conviction que j’ai quitté Thouars, content pour ce que j’y ai trouvé, enthousiaste pour ce que j’y ai ressenti de motifs d’espérer ! Maintenant, une mention particulière à Gilles Portal et Joël Queirel : dans la mesure de leurs moyens, ils ont tout donné d’eux-mêmes, et leur vaillante prestation m’a encore davantage convaincu des chances d’avenir d’un motocross français enfin compris, aidé, renouvelé !

La course

On connait Thouars : c’est l’un des circuits les plus accidentés, les plus difficiles, les plus sélectifs de France. L’un des rares qui obligent encore les champions étrangers à s’employer pour y faire un résultat !

Pour ce Grand Prix, la piste a reçu des soins particuliers, qui l’ont adapté au nombre et à la qualité des concurrents rassemblés (l’une des listes les plus complètes, les plus valables qui puissent se voir au niveau mondial). Mais les difficultés sont restées, dans les montées abruptes, dans les descentes vertigineuses, heureusement préservées du surcroit de complications qu’eussent apportées la boue ou une trop grande poussière.


Les concurrents franchissent le premier tremplin


Aux essais, le jeune belge Geboers, l’ensemble de la participation soviétique et, en règle générale, les motos CZ ont fait la meilleure impression. Thouars est fait pour la course en pleine puissance physique et mécanique moins que pour le pilotage en finesse ! Et, dans ces conditions, les nôtres ont tout de suite donné impression de ne pouvoir jouer leur partie, Jacky Porte même ne réussissant qu’un temps très moyen.

Après une présentation originale et solennelle comme le voulait la circonstance, en présence de tout l’Etat-Major fédéral, de nombreuses personnalités étrangères et françaises , devant un public encore plus immense qu’à l’habitude et sous un ciel nuageux avec éclaircies, le super-as belge Joël Robert a pris d’emblée la direction de la course, emmenant les coureurs dès les premiers tours de roue.

Premières montées, premières descentes à vous laisser la gorge nouée, mais ici rien à craindre, les champions savent tirer leur épingle des pires difficultés et aucune chute grave ne sera enregistrée.


Premier départ des concurrents : Joël Robert mènera sa course de bout en bout


La première manche voit donc d’une part, Joël Robert foncer à mort pour creuser l’écart, quelques dizaines de mètres, puis pour le conserver sur un Hallman revenu avec une élégante détermination sur une bonne demi-douzaine d’adversaires.

Un peu en arrière de ce combat, des explications incessantes se déroulent entre une dizaine d’homme d’où l’Anglais Bickers et le jeune belge Geboers émergent, essayant au début de suivre Joël de près. Cependant outre Hallman, le grand espoir suédois Hakan Andersson intervient et passe, tandis que le Tchèque Konecny, l’Anglais Wade et le Soviétique Arbekov se battent jusqu’à l’ultime seconde pour les dernières places d’honneur.

Chez les Français, Queirel a fait le meilleur départ, dans les quinze premiers. Il lutte avec une belle volonté, s’accrochant autant qu’il le peut. Mais, mal préparé encore à la distance et à la dureté d’une telle épreuve, il doit laisser passer après quelques tours Jacky Porte (que tous attendaient bien d’avantage dans l’action) et Gilles Portal auteur d’une vaillante remontée.

Source et photos : Moto Revue n°1887 / RCD