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Interview exclusive

Champion de France National 500cc 1960

Robert Darrouy
Q : Comment avez-vous débuté à moto ?
R : Mon oncle Auguste Darrouy fut un des premiers à faire du motocross en France. J’avais 12 ans quand j’ai mis mes fesses sur une moto pour la première fois. Cela devait être en 1947. C’est Tonton qui préparait les motos car à l’époque c’était des motos de tourisme que l’on bricolait !

Q : Que vous a apporté le titre de 1960 ?
R : Auparavant j’ai été champion des Pyrénées dans les 3 catégories alors représentées : 250, 350 et 500 cc. J’ai été Champion de France National 500 à mon retour d’Algérie où j’avais effectué mon service militaire. En fait ce que m’a apporté ce titre, c’est la montée en catégorie Inter, car à l’époque, les 5 premiers Nationaux montaient en Inter et remplaçaient les 5 derniers des Inters. Ce qui voulait dire que j’étais parmi les 20 meilleurs pilotes.

Q : Et ensuite ?
R : J’ai conserve ma place chez les Inters en terminant 11è en 1961 et 8è en 1962. Malheureusement je me suis blessé au travail l’année d’après. J’ai été arrêté pendant 1 an. Je termine 7è en National 500 et je suis revenu en Inter en 1965.

Q : Avez-vous roulé en Grand Prix ?
R : Mon travail ne me le permettait pas car cela représentait de longs déplacements, mais j’ai participé à 2-3 Grands Prix.

Q : Quel fut votre plus lointain déplacement ?
R : En Algérie et en Hongrie. A Alger, il y avait des courses tous les mois et demi environ. Elles étaient organisées par les marques de carburant (BP, Esso). L’Armée m’accordait des permissions pour que je puisse participer aux courses !

En Hongrie c’était à Budapest. J’y suis allé en voiture et remorque, mais les frontières étaient longues à traverser !! C’était compliqué. En plus c’était peu de temps après les événements de 1956. Tout était contrôlé. L’armée venait nous chercher, elle était partout. Il y avait des fouilles.

Je suis allé aussi au fin fond de l’Italie avec Tonton !

Q : Avez-vous vécu de votre passion ? Si non quel métier exerciez-vous ?
R : Non, car j’avais un travail qui me plaisait beaucoup. J’ai repris l’affaire de mon père qui fabriquait des équipements sportifs, principalement pour la gymnastique et l’athlétisme.

Q : Quelle est votre meilleur souvenir en course ?

R : Mon titre de 1960 ! Ce fut une excellente saison. En plus je rentrais d’Algérie. J’ai fait de bons résultats en Italie aussi. Pas comme en Hongrie !! Le circuit était sans barrières !

Q : Quels étaient vos circuits préférés ?
R : Rémalard, Colomiers. Par contre dès qu’il y avait de l’herbe ou de la terre grasse je n’étais pas bon. Par contre Tonton Auguste était très fort dans la caillasse. René Combes se demandait comment il pouvait aller aussi vite sur ses terrains !

Q : Quel était votre point fort ?
R : J’étais assez calme et ce malgré les circonstances de course. Je me reposais et me relaxais beaucoup entre les manches ce qui me permettait d’avoir un esprit serein. Donc, je chutais pas ou peu et ce malgré la mécanique capricieuse des BSA !

Q : Aviez-vous des amis ou des « ennemis » ?
R : Pas d’ennemis, bien sûr !! C’était la fraternité, nous n’hésitions pas à nous prêter des pièces. Je me souviens des pilotes étrangers avec qui nous avions des liens particuliers : Archer, les Suédois.

Q : Quand avez-vous arrêté votre carrière ?
R : Fin 1968. Ma cheville me faisait beaucoup souffrir et j’avais mon entreprise. Je termine sur une 6ème en 250 en 1967 et une 5ème place en 500 National en 1968. Si j’avais continué, les médecins m’auraient peut être amputé de la jambe, donc j’ai pris une sage décision. Par la suite j’ai participé à quelques raids mais pas en compétition : Toulouse-Pampelune et Toulouse-Barcelone.

Q : Quel plus grand pilote avez-vous battu ?

R : En Algérie, j’ai battu Leslie Archer !! Je n’avais pas eu trop de mérite, car j’avais tracé le circuit et m’y entrainais à volonté !! Lors d’un cross inter j’avais battu aussi Lundin, Lundell et Gérard Ledormeur en terminant 3 fois 2ème ! .il m’est arrivé de battre aussi Jean Cros, Jean Hazianis, René Combes.

Q : Quels pilotes vous ont le plus impressionné?
R : Gérard Ledormeur, René Combes, Jean Cros et Gilbert Brassine avec sa FN qui avait un moteur énorme.

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Photo : M.Moncler avec son aimable autorisation
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