Motocross History : Comment est-tu entré dans le monde de la moto ?
Jean-Claude Nowak (JCN) : Dans les années soixante, mon père roulait avec Claude Perrin de Thomer la Sogne et il m'a donné le virus !
Quand es-tu monté sur une moto pour la première fois ?
JCN : A l'époque il n'y avait pas de petite moto comme les 50cc ou les 85cc. Je devais avoir une douzaine d'année et j'avais piqué la moto de mon père. Il n'était pas là . Je l'avais poussé pour ne pas faire de bruit avant de la démarrer !
Te souviens-tu de ta première course ?
JCN : En 1966, à Flers. J'avais une nouvelle moto, une CZ250. Elle n'a pas démarré. Comme il y avait eu beaucoup de boue, les autres manches ont été annulées, donc je n'ai pas roulé pour ma première course ! Par contre je me suis rattrapé par la suite. Durant la saison, j'ai du participer à dix-huit courses et j'en ai gagné quatorze !
Et ton premier Grand Prix ?
JCN : C'était en Hollande en mai 1968. Je n'étais pas très confiant, je ne connaissais pas le monde des Grand Prix. Ce fut dur. Il y avait de grosses ornières dans le sable. J'ai du terminer à deux tours du vainqueur ! Ca m'a marqué.
Combien de saisons complètes as-tu disputé ?
JCN : J'ai participé à sept-huit saisons complètes, à un ou deux GP près. J'aimais bien. Cela me permettait de voyager et de découvrir de nouveaux pays.
Quel est ton meilleur souvenir ?
JCN : En Angleterre, je termine neuvième d'une manche. C'était à Porsmouth en 1975. J'aimais bien le circuit : un grand terrain en prairie avec des montées.
Comment es-tu devenu pilote usine Montesa ?
JCN : Au début j'étais aidé par Claude Perrin, j'avais une Husqvarna. Je connaissais également Michel Combes qui avait des contacts avec Montesa. Ils lui ont demandé si je pouvais être intéressé. "Oui". J'ai été invité à l'usine à Barcelone et nous avons signé un contrat. J'avais des primes d'arrivée payées par l'usine en cas de podium. Bien sur ce n'était pas un pont d'or, mais c'était correct. En dotation, j'avais deux motos, des moteurs, des pièces et puis j'allais quatre à cinq fois par an à l'usine pour faire vérifier la moto. Par contre je n'avais pas de mécano, ils étaient réservés aux top pilotes : Andersson, Vehkonen, Boven.
As-tu roulé derrière le rideau de fer ?
JCN : Je me souviens de Szczecin en Pologne. On y allait en voiture et remorque avec voiture et visa ! Nous n'étions pas trop embêtés à la frontière. Tout comme en Yougoslavie en 1971 à Karlovac. Sur le circuit, le public avait accès au parc coureurs, c'était assez sympathique, mais on ne se rendait pas compte de ce qu'il se passait autour.
Revenons en France. Gagner trois titres de suite en 250cc, donne l'impression d'avoir été ultra dominateur. Ces titres ont-ils été faciles à décrocher ?
JCN : Non cela n'a jamais été facile. Il y a toujours eu de la bagarre et cela a toujours été serré. Neuf points la première année avec Bacou, six points la deuxième avec Combes et trois points la troisième avec Péan.
Mis à part les vice-champions, qui étaient tes autres rivaux ?
JCN : Ceux qui roulaient fort : Vernier, Portal, Broutin.
Avec Michel Combes, plutôt amis ou rivaux ?
JCN : Nous étions potes. Michel habitait Gaillac, je passais souvent chez lui quand j'allais dans le sud. Bien sur il y avait une rivalité sur la moto, mais cela se passait bien comme j'avais bon caractère et j'étais facile. On se voyait souvent sur les GP.
Quels étaient tes forces ?
JCN : J'avais une bonne force physique, je m'entraînais pas trop mal. J'étais assez bien bâti, j'avais de bons bras.
Quel type de circuits te convenaient ?
JCN : Je n'avais pas trop de circuits préférés. J'ai souvent roulé en Normandie, donc je connaissais bien Thomer la Sogne, Rouen, Bellême, Rémalard et puis Blargies dans l'Oise
Et l'Alpe d'Huez ?
JCN : pour le circuit, ce n'était pas le top, mais pour le souvenir, oui ! J'y ai pris l'ascendant pour mon titre de 1972 face à Bacou, juste avant la finale de Thomer.
As-tu vécu de ta passion ?
JCN : Oui. Pendant huit-dix ans, je n'ai fait que du motocross. Je vivais chez mes parents, je n'étais pas marié.
Qu'as-tu exercé comme métier après ta carrière ?
JCN : J'ai été mécanicien moto. Puis vers trente ans, j'ai travaillé dans le bâtiment. Je montais des planchers techniques pour des salles informatiques.
Roules-tu en courses de motos anciennes ?
JCN : Non pas de course. Je fréquente juste pour voir les potes.
Suis-tu toujours l'actualité ?
JCN : plus ou moins. Comme mes fils regardent le cross américain, je visionne un peu avec eux. Mais je ne suis pas nostalgique.
Tu as beaucoup participé aux Nations, Trophée et Motocross, quel sentiment t'a procuré les sélections ?
JCN : Les Grand Prix, c'est bien , mais les Nations, c'est ce qui peut arriver de mieux à un pilote moto. J'étais très fier.
Parmi tes douze sélections, quel est ton plus beau souvenir ?
JCN : Disons que je n'ai pas vraiment brillé aux Nations. Par équipe nous avons terminé trois fois cinquième à Knutstorp, Bristol et Vesoul lors du Trophée des Nations. En individuel, mon meilleur résultat est à Vannes au Motocross des Nations en 1971 : quinzième et douzième.
Comment était Marcel Seery ?
JCN : Des fois il était un peu bougon, mais il ne nous menait pas à la baguette ! Il nous entrainait bien
Photos : * Alain la photo ** http://www.motocrossdhier.fr *** Denis Gilbert