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Interview exclusive

Gilbert Brassine
On imagine volontiers le casse-cou du motocross comme un homme au regard d’acier, au masque tourmenté par la fièvre du risque et durci par l’habitude de la lutte contre tout : adversaires, intempéries, terrains hostiles, etc…

Or nous avions devant nous, hier, s’exprimant avec une parfaite tranquillité un grand garçon d’aspect très doux, au sourire de gamin, blond, aux yeux bleus, pas nerveux pour un sou et même un tantinet nonchalant : Gilbert Brassine, casse-cou notoire, qui, dimanche, sur les Buttes de Montreuil, à remporté la première épreuve du Championnat de France et qui, à 21 ans, s’affirme comme un des futurs caïds internationaux de ce sport si particulier.

Gilbert est un dormeur, nous confiait un de ses amis. Quelquefois, au départ d’une course, il parait somnoler encore. Mais pardon ! dès que le drapeau est abaissé, il faut le voir. C’est u autre homme. Il devient alors un véritable démon sur sa machine.

Le fait est que le jeune Brassine se taille une jolie popularité auprès des foules par sa témérité, son mépris du danger et aussi par sa virtuosité.

Il a de qui tenir. Son père, Georges Brassine, fut un excellent motocycliste qui courut le Bol d’Or, les Coupes de l’Armistice et d’autres classiques. Son oncle, Marcel Brassine s’adonne au motocross et c’est lui qui le conseille et qui met au point ses machines.

( L'atelier familial !)

Tout cela dans une atmosphère très favorable, puisque les Brassine, père, oncle et fils, exploitant une entreprise de mécanique générale, sont constructeur de motos spéciales pour le cross.

Né le 4 mai 1928 à Haumont, dans le Nord, de père belge et de mère française, mais ayant opté pur la France à sa majorité, Gilbert Brassine commença par pratiquer le cross country et le hand-ball, avec quelques succès, à Pantin, où son père et son oncle s’étaient établis.



(Gilbert Brassine (6) avec son club de cross-country en 1942-1943)

Il débuta dans le motocross à Romainville en 1947 sur un petit vélomoteur…et cassa sa roue arrière au moment où il se trouvait en troisième position. Mais en 1948, il obtint de son père et de son oncle une véritable machine de motocross.

Ses progrès furent si rapides que l’année suivante, il remportait à Amiens une course sur prairie. Des dirigeants belges l’engagèrent aussitôt pour le cross international de Spa, auquel participaient tous les cracks, Hall, Nicholson, Janssen, etc…Gilbert Brassine réussit à accéder à la finale.

En 1949, il obtenait le meilleur classement général des Français dans les « internationales » de Montreuil. Comme on le voit, le jeune Gilbert est bien parti pour une magnifique carrière.

Comme nous lui parlions de sa maîtrise en course, il nous répondit : « croyez-moi, la moto de cross conçue spécialement pour rouler sur des terrains invraisemblables avec un moteur très puissant et une gamme de quatre vitesses beaucoup plus rapprochées que dans les motos ordinaires, est un engin difficile à manier. Elle a des réactions soudaines et trompeuses. Il lui arrive même de se cabrer comme un cheval. Ce qui nous fait dire qu’elle a mauvais caractère.

Le danger ? le risque ?
Gilbert Brassine s’en soucie beaucoup moins que son grand-père, sa grand-mère, son père, sa mère, son oncle et sa tante (toute prête à lui servir d’infirmière) lesquels ne manquent pas d’assister à ses courses à Montreuil.

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[ Source et photos : archives MT.Brassine avec son aimable autorisation ]
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