Q : Comment avez-vous débuté à moto ?
R : J’avais 16 ans et je travaillais dans le
garage de mon père. Il m’a offert une 125 Puch. Je me suis dit je veux courir.
Je suis allé voir mon toubib à minuit pour qu’il m’autorise à faire de la moto
! Il y avait une course à Nantes. C’était une course sur prairie et je l’ai
gagnée !
Q : Et en compétition ?
R : J’ai commencé avec une 125. J’ai gagné 8
courses consécutivement ! Puis j’ai eu une 250 NSU Max et une 500. Parfois
je roulais 3 manches en 250 et 3 manches en 500 dans la même journée !
Q : Racontez-moi l’aventure de 1958.
R : La FFM avait décidé avec la Fédération
Soviétique d’envoyer des coureurs français pour y disputer une course en
Géorgie à Tbilissi. Je suis allé jusqu’à Strasbourg, depuis Nantes en voiture.
Nous nous sommes retrouvés avec J.Schmid et G.Bertrand. Puis nous avons
traversé l’Allemagne de l’Ouest puis celle de l’Est. Nous étions encadrés par
l’Armée Rouge, mais il y avait une très bonne ambiance. Ce fut un voyage
inoubliable. Nous avons visitĂ© la Place Rouge, nous sommes allĂ©s au cirque, Ă
l’Opéra. Nos motos étaient surveillées par des gardes.
Puis nous avons pris le train depuis Moscou vers le
sud. Il y avait de la neige au départ et arrivés à Tbilissi, il y faisait un
grand soleil. Tous les pilotes étaient dans le train. J’ai gagné la
course !
Le Samedi avait eu lieu la 1ère manche.
J’ai gagné devant le Hollandais Rietman. Le lendemain, j’ai remporté la 2nde
manche tout en étant parti 5ème. Il y avaitplus de 60 000 spectateurs ! C’était
du délire !! Le public m’a rappelé 5 fois sur le podium !
Q : En 1959, vous ĂŞtes en tĂŞte avant la
dernière épreuve du 500 Inter, mais vous n’êtes pas sacré Champion de
France ? Que s’est-il passé ?
R : Effectivement j’étais en tête du
championnat, mais quelques semaines auparavant, j’avais chuté très violement en
Suisse à Cossonay. Je ne me suis réveillé que 3 jours après. J’étais diminué
lors de la finale.
Q : Comment s’est déroulé le Motocross des
Nations Ă Cassel en 1960 ?
R : Ah la la, c’était la merde ! Avec
toute cette boue ! Seuls les Anglais ont terminé avec leurs trois
coureurs. Je termine meilleur français
et ce fut un bon souvenir. J’étais content ! Ce fut éprouvant, mais il y
avait un bon esprit de camaraderie, on faisait du camping sous nos tentes. Nous
étions détendus malgré l’enjeu de ce Motocross des Nations en France. Mais ce
fut éprouvant et j’aimais bien courir dans la boue.Je termine 6ème de la 1ère
série derrière Don Rickman, Curtis, B.Dirks, Vanderbecken et Rapin. Et devant
Tibblin, Rasmussen, A.Dirks, L.Decoster, De Soethe, Lundin et Hazianis.
Malheureusement c’était plus de 5mn après le 1er pilote donc je ne
me suis pas qualifié pour la finale, qui n’a pas eu lieu d’ailleurs.
Q : Et celui de 1961 ?
R : Marcel Seery Ă©tait un excellent
organisateur et nous avons réussi à terminer 3è par équipe. Je termine encore
meilleur français à la 8ème place. Il y avait une bonne ambiance,
mais c’était très dur. Le circuit était très difficile. Les Anglais furent
excellents !
Q : Quel âge aviez-vous lors du Championnat de
France National en 1967, soit 12 ans après votre 1er
Championnat ?
R : J’avais 33 ans, j’étais en
« pré-retraite » ! J’aurais du gagner ce Championnat, j’étais en
tête devant Clerici, mais je ne termine que 3ème de la finale.
Finalement je perds le titre de 2 pts (36 contre 34)
Q : Pouviez-vous vivre de votre passion ?
R : Oui à l’époque. Aujourd’hui les pilotes
payent pour rouler…Pendant près de 10 ans je n’ai fait que des courses. Il y
avait le « Million » Mayenne. On était payés par manche, plus une
prime de départ.
Q : Avant et après quel était votre
métier ?
R : J’étais mécanicien, je travaillais en
famille. Puis après je fut docker. C’était un métier sensationnel !
Q : Aviez-vous des amis parmi les pilotes
Ă©trangers ?
R : Oui, Lundin, Archer, Nilsson, Harris.
Q : Quels Ă©taient vos circuits Ă©trangers
favoris ?
R : En Angleterre, il y avait Brands Hatch. Il
fallait y chercher sa route…le circuit était large. En général en Angleterre les
circuits étaient longs et durs. J’aimais bien les circuits de sable en Hollande
ou en France comme Ermenonville.
Q : Quel est votre meilleur souvenir en course ?
R : En fait, ce n’est pas en course mon
meilleur souvenir, mais plutôt l’époque. Il y avait de l’ambiance et de l’amitié !
On était copains avant de partir, on ne l’était plus pendant la course, puis de
nouveau amis après la course. C’était une très bonne époque !
Photos : archives G.Ledormeur avec son aimable
autorisation