Grand Prix France 1953

C'est au Moto-Cycle-Club de Lyon, doyen des clubs français, que revenait la lourde tâche d'organiser cette année le Grand Prix de France de motocross comptant pour le Championnat d'Europe.

Le casino de Lyon-Charbonnières apportait pour sa part un concours appréciable, et le circuit, porté à 2015 mètres se trouvait dans les jardins du casino. Parcours très sinueux, tracé presque exclusivement dans des sous-bois à flanc de coteaux, et demandant aux pilotes une belle résistance physique. Regrettons simplement l'étroitesse du circuit en de nombreux points et la nature sablonneuse du sol, qui engendrait d'épais nuages de poussière, où les pilotes, sauf les deux ou trois premiers, devaient, surtout à la finale, piloter à l'aveuglette.

L'organisation matérielle fut à la hauteur de sa tâche, horaire respecté, aucun faux départ, et surtout pas un seul entracte ne coupa le rythme rapide de cette manifestation. qui regroupait aussi des pilotes nationaux en 250cc et 350cc. Pour le Grand Prix, trois manches de dix tours se déroulèrent, soit soixante kilomètres au total.

Dès le départ de la première série, Charrier prend le commandement, mais ne le conserve pas longtemps. Archer passe en tête, talonné par Mingels, qui, abandonnant sa Matchless, étrennait une FN ACT. Mingels, d'ailleurs, fait désormais partie de l'équipe officielle FN. C'est une recrue de choix et de poids, qui peut ainsi mettre fin à l'éternelle rivalité qui existait entre Leloup et Mingels.

Toujours est-il que Mingels, en grande forme et au style affiné, se débarrassait d'Archer au tour suivant, et battant le record du tour en 3'05'' (moyenne de 39,3 km/h), s'envolant vers la victoire. Leloup, longtemps troisième, et dont le style est toujours aussi souple, attaquait sur la fin Archer et terminait deuxième à douze secondes de Mingels.

Notre meilleur représentant était incontestablement Frantz, qui aurait terminé quatrième, si au neuvième tour, il n'avait chuté, cassant des rayons. Hall, qui semble avoir retrouvé la forme, le suivait comme son ombre, et le sauta sans encombre. Frantz terminait cinquième devant notre jeune espoir Carlo Molinari, qui pilotait sa BSA. Nous aurions aimé voir celui-ci sur sa toute nouvelle Gilera, mais la machine étant arrivée à Charbonnières sans repose-pieds..., vous comprenez la suite.

Signalons l'abandon du belge Cox, qui avait brisé sa boîte de vitesses.

Voici le classement de la première manche :

La deuxième manche permit d'assister à une belle victoire française, puisque Frantz mena de bout en bout. Il sut garder une avance confortable sur Leloup (sauf au septième tour) et plus encore sur Mingels. Molinari, longtemps quatrième, cassa sa chaîne après l'escalade d'une butte. Il répara et repartit sur la fin de l'épreuve, terminant celle-ci malheureusement en dernière position, mais faisant preuve de ténacité.

Cette deuxième manche devait être meurtrière pour le matériel, car Hall et Nex voilèrent complètement leur roue, ce qui les empêcha de participer à la finale. A l'arrivée, Frantz, couvert de sueur, déclarait : " C'est le plus beau jour de ma vie ", ce qui pour un pilote de cross se conçoit, quand on vient de battre un tel lot de champions. Notons que Frantz abaissa de neuf secondes le temps mis par Mingels dans la manche précédente.

Deuxième manche :

Malgré ses efforts, Leloup ne put terminer qu'à dix secondes de son compatriote et Frantz s'adjugea une belle troisième place devant Molinari. Les Anglais, vraiment malchanceux, voyaient leur dernier représentant, Archer, abandonner dans le dernier tour, son moteur s'étant complètement vidé de son huile.

Troisième manche :

Classement général du Grand Prix