Motocross History : J'ai découvert un jour que tu avais fait le holeshot au Motocross des Nations de Maggiora en 1986. Quel effet cela fait d'être dans une telle situation ?
Christian Vimond (CV) : Ca fait drôle ! Surtout que j'avais O'Mara derrière moi !
A quoi pense-t-on vraiment ?
CV : J'étais bien concentré. J'espérais terminé le premier tour en tête, mais je n'ai pas pu ! Je termine quand même 17è de la manche.
Est-ce que tes débuts furent aussi brillants ?
CV : Non pas du tout ! Je devais avoir 10-11 ans, c'était à Ouville sur une 80cc J'ai fait une belle chute dans les orties et les ronces. Je me suis dit, si c'est ça le motocross, ça ne va pas le faire longtemps ! J'ai remis la moto dans le garage et comme mon père ne m'a pas forcé, je n'y ai pas retouché avant un moment ! Bon plus tard, j'ai réessayé !
Et avant cette course, comment es-tu entré dans le monde de la moto ?
CV : Mes grand frères, Denis et Jacky ayant commencé le motocross avant moi, je les ai suivis. Mon père aussi avait roulé à moto
Ton Papa vous emmenait en Angleterre aux schoolboys, quels souvenirs en as-tu ?
CV : Au début, c'est Denis qui y est allé, puis Jacky et puis moi. Comme Jacky a suivi Denis et moi, j'ai suivi mes deux grands frères, je ne pouvais qu'y aller ! C'était des courses entre parents, il y avait 80 pilotes environ et des courses toute la journée. On arrivait le matin sur le circuit, il n'y avait rien, puis tout était balisé rapidement, il n'y avait pas de grille de départ, mais un élastique. A la fin, nous étions organisés avec un ami anglais : nous chargions les motos dans le bateau à pied et un ami de mon père venait nous récupérer avec un pick-up à l'arrivée.
Tu termines 3ème du Championnat de France Juniors en 1980, le titre était vraiment inaccessible ?
CV : Oui. D'ailleurs, j'étais plutôt loin du titre. J'ai dû faire de belles places, quelques coups d'éclat, comme à Verdun et Gasny de mémoire. Je me suis plus battu pour la 3ème place finale avec Eric Fura. On doit terminer à un point d'écart !
Savais-tu que tu en ferais ton métier à ce moment là ?
CV : Non pas du tout. Je travaillais dans le garage agricole, chez mon père. Denis et Jacky y avaient travaillé, mais ils en étaient partie pour effectuer leur carrière de pilote.
L'année suivante, tu intègres les inter en 125cc, cela t'a t-il fait un effet de courir avec ton frère Jacky, qui gagne le championnat, en plus ?
CV : C'est dur d'être le frère d'un meilleur que soi. Je me concentrais sur ce que je faisais. En plus mes débuts avaient été chaotiques à cause de mon matériel.
Te donnait-il des conseils ?
CV : Non pas spécialement. Il avait quitté le cocon familial et puis, nous ne roulions pas sur les mêmes marques de moto. Par contre à Thomer, lors du Grand Prix de France 125cc en 1985, il m'avait conseillé. Cette année là aussi, il m'avait invité aux Etats-Unis pour rouler avec lui, lors de son stage d'entrainement avant le championnat du monde.
As-tu été devant lui, lors d'une manche ?
CV : Peut-être une fois, mais je ne m'en souviens pas.
Tu progresses au classement final, 7ème en 1982, puis 4è en 1983. Cette année là , tu remportes ta 1ère manche, quel sentiment cela t'a t-il procuré ?
CV : Ta première, tu es toujours content ! En plus c'était après mon changement de moto en cours de saison. Tu te dis, c'est parti, les victoires vont peut-être s'enchainer. Mais il y a eu aussi des week-end moins bons.
Tu changes de marque pour Husqvarna en 1984, pourquoi ?
CV : Marcel Seurat était l'importateur Husqvarna et Gilera. Début 1983, j'avais commencé le championnat sur Gilera, mais j'ai eu des problèmes mécaniques. A Uzès, j'ai cassé trois motos durant le week-end. Du coup Marcel, m'avait dit, je te laisse finir la saison avec la moto que tu veux. Donc j'ai trouvé une Yamaha. Puis j'ai participé au super Championnat sur une Husqvarna. Donc, pour 1984, l'idée de départ était de poursuivre avec Husqvarna en 250. Finalement, j 'ai roulé sur Husky en 125cc en 1984.
Est-ce perturbant de changer de marque en cours de saison ?
CV : Forcément, c'est toujours perturbant. Certaines motos avaient des freins à disque, d'autres pas. Chaque pilote aimait bien adapter la moto à lui. Les moteurs n'avaient pas le même couple, les suspensions n'étaient pas les mêmes. D'ailleurs ce que l'on se disaient entre pilotes en fin de saison, lorsque l'on se prêtait les motos le lendemain des courses : je ne pourrais pas rouler avec ta moto !
L'année suivante, tu rechanges de marque pour Honda pourquoi ?
CV : J'avais donné un accord verbal à Marcel Seurat. Avec lui, cela fonctionnait comme cela. Et puis Honda m'a contacté pour rouler en 125cc. Ce fut difficile de lui annoncer que je ne continuerai pas avec lui. Je me suis posé des questions : " est-ce que c'était moi qui ne roulait pas assez bien, est-ce que c'était la moto ? Finalement, j'ai rempilé pour une saison de plus en 125cc, mais avec Honda.
Et tu deviens Champion de France, c'est la consécration ?
CV : Oui. Depuis le temps que j'étais en 125 Inter, avec des hauts et des bas. Cette année là , j'avais une bonne machine. J'étais dans le team Moreau avec P.Perrier. On avait les motos qu'il fallait, les pièces. Nous avions cinq machines pour la saison.
Le duel fut serré avec Y.Gervaise ?
CV : Oui. Beaucoup de mes championnats ont été serrés. J'ai dû faire un faux pas à Montgueux, en milieu de championnat. Je suis arrivé à la finale avec un peu de points d'avance, mais avec les meilleurs résultats de retenus, c'était serré. Finalement, je dois gagner avec 6 points d'avance !
Tu scores un triplé à Cazes ?CV : Je ne me souviens plus beaucoup du terrain. Bizarrement, je remporte les trois manches, alors que j'avais pris de mauvais départs et j'étais revenu de loin. J'étais en forme ce jour là !
Pourquoi es-tu resté 6 ans en 125cc ?
CV : J'aimais bien la cylindrée et puis, j'avais le bon gabarit, je ne suis pas bien épais ! Je me suis posé des questions. Après le super championnat, qui était en 250cc, je me disais, est-ce toi, est-ce le matériel, faut-il changer pour gagner ? Je me remettais pas mal en question.
En 1985, tu termines aussi deuxième du super championnat derrière Jacky, c'est un superbe podium familial ?
CV : Oui, c'était sympa. Je termine deuxième derrière Jacky. Pour moi, c'était un autre championnat. Tout le monde repartait de zéro.
Tu bats Jacky lors d'une manche à Arbis, tu te souviens de la course ?
CV : Il m'a peut-être laissé un peu passer pour marquer des gros points !! Je me souviens être en tête à l'issue du premier tour. Jacky me passe au bout de dix minutes environ. Je reste dans son sillage tout le reste de la manche. Et dans le dernier tour, je passe Jacky !
Aimais-tu cette formule de super championnat ?
CV : Ce n'était pas mal. Cela permettait de se confronter avec tout le monde, les pilotes 125, 250 et 500. C'était un autre challenge, en plus, il n'y avait pas de championnat supercross à cette époque. Cela permettait de se jauger pour l'année d'après.