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Interview exclusive

Double champion d'Allemagne 250cc

Willy Oesterle
  • Willy Oesterle et ses trophées en 1957 !

  • Motocross History : Comment êtes-vous arrivé dans le monde de la moto ?
    Willy Oesterle (WO) : Cela a commencé en 1947 dans mon petit village, lorsque j'ai été attiré par l'automobile, puis par les moteurs. A cette époque, il y avait très peu de matériel neuf à acheter, donc la tâche principale consistait à réparer, à improviser, à faire quelque chose à partir de rien.


    Quand êtes-vous monté sur une moto pour la première fois ?
    WO : J'ai appris à piloter sur un engin de mon maître, une machine à trois roues : il y avait deux sièges à l'avant, une banquette à l'arrière et il était équipé d'un moteur deux temps de 200 cm3 !


    Vous souvenez-vous de votre première course ?
    WO : Oui et de l'entraînement aussi ! J'ai roulé lentement le premier tour d'essai. Puis au deuxième tour, j'ai voulu aller un peu plus vite. Sur une colline avec des sauts, je m'étais plutôt bien débrouillé en la passant rapidement, j'avais réalisé un bel enchainement, mais après ça ne s'est pas bien passé. Les deux reposes-pieds se sont baissés et l'un deux s'est détaché ! Je suis tombé sur le réservoir. Je n'avais pas de vêtement en cuir, seulement un jean. Mes testicules se sont coincés entre le réservoir et mon corps ! J'ai eu très mal ! Pour ce qui est de la course, j'ai roulé en 125 cm3. Il y avait quinze pilotes environ au départ et j'ai terminé huitième et troisième de ma région, le Wurtemberg.


    Vous souvenez-vous de votre premier Grand Prix ?
    WO : Oui, c'était à Bruhl, pas très loin de Cologne. Pour nous Allemands, c'était la première course du tout nouveau Championnat d'Europe, alors que c'était déjà la troisième épreuve de la Coupe d'Europe.


    Dans quel état d'esprit étiez-vous avant cette course ?
    WO : Je me souviens surtout de pendant ! Ce fut difficile, car la durée de 45 minutes était trop longue pour notre condition physique de l'époque. Bien que nous disputions le dimanche déjà deux, parfois trois courses, notre condition n'était pas suffisante. En règle générale, le guidon me lâchait des mains. Au printemps, après les premières courses, les muscles des avant-bras étaient durs.


    Vous avez participé au premier Championnat d'Europe en 250 cm3 en 1957. Comment était-ce d'être un pionnier dans cette cylindrée ?
    WO : C'était excitant car lors des premières courses régionales et nationales en Allemagne en 1957, j'avais eu plus de succès avec la 250 cm3, qu'avec la 175 cm3. Je voulais donc mettre plus l'accent sur la 250, d'autant que c'était la première fois qu'une compétition instaurée par la FIM se déroulait en tant que Championnat d'Europe en 250 cm3. En plus, toutes les marques étaient intéressées. Les manches allaient durer 45 minutes contre 20 minutes pour les courses régionales et 30 pour les courses de championnat d'Allemagne.


    Vous avez remporté vos premiers Grand Prix cette année-là, qu'aviez-vous ressenti ?
    WO : Dans le milieu de la moto, on disait que Namur était le plus beau et le plus difficile des circuits de motocross. Ce circuit était incroyable ! Un rêve était devenu réalité : rouler et gagner à Namur ! Lors de ma victoire à Genk, ce fut plus un sentiment de fierté car j'avais fait beaucoup d'efforts pour conserver la tête de la course.


  • Lors de la victoire au Grand Prix de Belgique, à Namur ! *
  • Vous souvenez-vous des courses ?
    WO : Je vais vous raconter le week-end à Namur. S'entraîner sur une piste de 3500 mètres de long était quelque chose de nouveau pour moi. En Allemagne, les circuits ne mesuraient qu'entre 1000 et 1500 mètres. A Namur, c'était donc deux fois plus long. Il y avait du sable profond dans un tronçon, puis on traversait une forêt au bord de la route. Parfois, vous pouviez choisir entre passer à droite ou à gauche d'un arbre. A un moment, le circuit empruntait une chaussée pavée, un morceau de route goudronnée et un chemin avec des graviers. Puis il remontait vers la citadelle. Au cours du premier entrainement, j'ai pris ma moto de 277cc. Je me suis retrouvé coincé en bas d'une montée un peu raide, mais on m'a tiré de là avec une corde ! Je me suis dit : "Mon garçon, ça commence bien !". Moi qui croyait être un bon pilote, "un vieux guerrier", je n'avais pas réussi à monter cette bosse, courte et raide ! Ce fut déprimant et cela avait un peu entaché mon ambition. Néanmoins, j'ai continué mes tours d'entrainement avec la 277cc et je me suis retrouvé au même endroit. Là, il y avait une équipe de cinq personnes qui était positionnée, pour nous aider à sortir si on était bloqué ! Puis après m'être suffisamment entrainé, j'ai pris la 250cc. Et avec cette moto-là, j'ai réussir à gravir la fameuse pente ! Lors essais du dimanche matin, j'étais en pleine forme. Je n'avais raté aucun virage. Je m'étais souvenu du circuit et j'avais confiance en mon pilotage malgré tous les virages de cette piste qui ressemblait à un étroit sentier forestier.
    A la fin des essais, le tchèque Jaromir Cizek est venu me voir et m'a demandé : Willy, as-tu coupé la piste ? !" J'avais réalisé le meilleur temps de quinze secondes devant lui ! C'est là que je me suis dit : "Aujourd'hui, tu as toutes tes chances." En attendant la course, j'ai essayé de ne pas m'encombrer avec des choses inutiles. J'avais besoin de repos, de concentration. Pour me détendre et penser à autre chose, j'ai pris un chiffon et j'ai nettoyé ma moto. J'ai vérifié tous les rayons : ils sonnaient comme une guitare. Puis au cours du déjeuner, la tête baissée, les yeux fermés, j'ai fait une séance de yoga. Puis ce fut la course. Au départ, je suis parti quatrième. Puis, le premier pilote s'est bloqué dans un bac à sable et je suis passé en tête. Je me suis dit : "mon garçon, c'est ta chance !" Cette pensée m'a traversé l'esprit et j'ai roulé comme à l'entrainement, habilement et proprement. Après trois tours, mon avance était de dix-huit secondes. Je l'ai conservé jusqu'au dernier tour. Ce n'est qu'à ce moment là que j'ai roulé un peu plus calmement, pour assurer la victoire ! Quand je suis arrivé au paddock, l'eau et la serviette étaient prêts. Ensuite, est arrivé la cérémonie de remise des prix. Je suis monté seul sur le podium du vainqueur, car seul le premier était honoré. J'étais fatigué, mou, vidé par ces 45 minutes d'une course épuisante. On m'a remis un énorme bouquet de fleurs et une bouteille de Martini de trois litres. Comme c'était trop dur pour moi de tout tenir, alors j'ai demandé au commissaire des sports de Vienne, qui était à proximité de m'aider : "je tiens la bouteille", lui ai-je dit. Puis les premières notes de l'hymne national ont retenti. Le drapeau allemand a flotté et j'ai pris une profonde respiration, j'ai fermé les yeux et j'ai profité. La tension est retombée et des larmes de joie ont coulé sur mes joues.

    Et, pour l'autre Grand Prix, à Genk, c'était un circuit de sable du début à la fin ! Le circuit était très éprouvant et là encore, la question de la condition physique était importante. Il fallait rouler pendant 45 minutes sur un circuit avec beaucoup de vagues de sable. J'ai pris le meilleur départ et j'ai pu prendre une petite avance dès le premier tour, car un autre pilote était intercalé entre Fritz Betzelbacher, Jaromir Cizek et moi. Au milieu de la manche, Fritz était passé deuxième et Jaromir était sur ses talons. J'ai utilisé toutes mes ressources pour conserver de la force et être encore assez rapide dans les derniers tours. J'ai donc roulé en zigzag en traçant des diagonales, comme cela j'ai pu éviter les vagues cassantes, sans perdre beaucoup de temps et de puissance.


    Vous avez roulé à Prerov, quel souvenir avez-vous du "toit du monde", le passage entre les rochers ?
    WO : Le circuit était comparable à celui de Namur : 3,5 km de longueur. C'était une piste sur laquelle, je pouvais bien m'exprimer, car j'avais la force, le courage et la confiance en moi, doublé à un bon pilotage dans les endroits défoncés du circuit. Il y avait des montées et des descentes assez verticales. D'ailleurs, pendant l'entrainement, je m'étais arrêté à certains endroits pour regarder les autres pilotes passer sur ces portions du circuit. Ici, on alternait les passages entre d'énormes rochers, puis sur des pentes de la prairie. J'ai particulièrement bien aimé, ce circuit long, rapide et brutal.


  • Le mur du diable.
  • Vous avez également tourné sur le circuit de Prague, en Tchécoslovaquie, devant une foule immense, comment était-ce ?
    WO : C'était en 1959 et le Grand-Prix de Tchécoslovaquie 250cc avait lieu sur le circuit de Praha-Sarka. Il y avait énormément de monde : 70 000 spectateurs !

  • La foule derrière la ligne de départ !

  • La course s'est déroulée en deux manches de trente minutes. Je suis parti en cinquième position, et comme sur le circuit de Prerov, il y avait des montées et des descentes. Cela me convenait. J'ai doublé beaucoup de pilotes. Mes suspensions étaient juste géniales ! Ce n'était pas uniquement comme beaucoup le croyaient et me l'ont dit, que j'étais en forme. Cela venait aussi du fait que j'avais une bonne moto. Cela m'a juste donné la sécurité et la confiance dans ma machine, ce qui m'a aussi incité à piloter proprement. J'avais gagné la première manche et lors de la seconde, j'étais en deuxième position derrière Herbert Ott, qui était sur une DKW. Nous avions bien tourné et avions une bonne avance sur les poursuivants. Il restait encore cinq tours à réaliser. J'étais constamment dans sa roue arrière et j'ai finalement lancé une attaque. C'était la plus grosse bêtise de la journée, car j'avais mis trop de gaz dans un virage. Ma roue arrière s'est dérobée et la moto s'est couchée. J'ai chuté et suis remonté de suite sur la moto. J'ai commencé à kicker, mais le moteur n'a pas démarré. C'est seulement à ce moment que les autres pilotes ont commencé à me doubler. Je voulais tout jeter par dépit. L'un des pilotes a crié : "Willy pousse !" Le moteur était noyé par l'essence. J'ai poussé la moto, pour finalement terminé, cinquième de la deuxième manche. Au final, j'ai terminé deuxième du Grand Prix. Le vainqueur du Grand Prix "Jony" Jaromir Cizek. Si j'avais franchi la ligne d'arrivée à la deuxième place derrière Herbert Ott, j'aurais été le grand vainqueur de ce GP ! Quand je suis arrivé à la cérémonie de remise des prix, les deux autres pilotes étaient déjà là. Jony est monté sur la plus haute marche du podium et on m'a montré la deuxième place. J'ai secoué la tête en disant que ça ne pouvait pas être possible d'être deuxième, surtout avec ma cinquième place en seconde manche. Je ne pouvais simplement pas y croire. Apparemment le speaker l'avait dit au micro et des milliers de spectateurs ont ri et applaudi. Quand je suis monté sur le podium, il y eut une clameur, comme dans un stade.


  • Le trophée de la deuxième place.
  • 1960 est votre dernière saison de Grand Prix ?
    WO : Oui. Je m'étais fait mal au genou et malgré l'opération, j'étais très limité. Le ménisque avait été retiré. Je n'étais plus aussi rapide qu'avant, je pilotais de telle sorte que j'évitais de prendre appui sur ma jambe. Dans les virages à droite, j'étais trop lent. Ce fut dommage, car cette saison aurait pu être marquée par une expérience inédite en Grand Prix, avec ma nouvelle moto, l'OEPO


  • L'ingénieur Ulrich Pohl.
  • Qu'est-ce que l'OEPO ?
    WO : Ce sont les initiales d'Oesterle et Pohl, l'ingénieur. En 1959 quand je suis sorti de l'hôpital, je souhaitais faire quelque chose de différent, construire un engin que personne d'autre n'avait encore crée. Un jour je suis allé voir Ulrich Pohl. Je lui ai rappelé notre collaboration lors de la course de la Solitude. Tout ce dont nous avions besoin, c'était un nouveau vilebrequin. Je lui ai demandé expressément de faire tout son possible. Lors d'une entrevue fin novembre, il m'a dit : "Je n'ai tout simplement pas le temps, mais je vais m'y mettre à Noël". Le projet était considérable ! Avant Noël 1959, toute la moto, moteur y compris, n'existait que dans ma tête. Donc participer à la première course de Kamp Lintfort le premier mai 1960, était impensable ! Ce fut un travail incessant de jour comme de nuit !
    L'OEPO 500/1, son nom, a été terminée mais sans peinture sur le cadre pour sa première sortie. Je suis allé à cette course, du premier Mai et il y avait un nouveau son dans la catégorie 500 ! Ce que j'ai retenu de cette course, c'est que cette moto a eu des points négatifs et positifs quand même. Mes mesures étaient trop basées sur la Maïco 250. Dès le début, j'ai eu des ennuis de transmission, d'embrayage, de chaîne primaire, de boîte de vitesse. L’empattement aurait dû être plus long de 5-6 cm, le châssis était trop lourd, le moteur aussi, mais performant. Il y eut des points forts, aussi : le moteur, le vilebrequin, le cylindre, le carburateur et le système d'échappement. L'empattement était trop court, la moto allait un peu trop souvent vers l'avant. Afin de maîtriser cela, je coupais un peu les gaz pendant un petit moment, mais dans les virages, c'était difficile à doser.


  • Wily Oesterle et son oeuvre !
  • Vous avez été pilote Maïco ? Quel était votre statut, vos avantages ?
    WO : Cela a commencé en 1956, quand je me suis présenté à l'usine. J'ai été embauché comme technicien dans le département expérimental. Pour les courses, je devais me débrouiller tout seul. Maïco détachait seulement un mécanicien pour les courses de championnat avec des pièces de rechange. J'ai donc vendu mon camion DKW et j'ai acheté un combi VW d'occasion. Dès la première année, j'aurais pu gagner le championnat. J'étais rapide, voir trop parfois ! A la fin du championnat, mon ami et collègue, Rolf Muller, m'a dit un jour : "Si tu étais en tête d'une course, cela ne m'inquiétait pas, car je savais que tu serais dans les buissons à un moment donné." Pendant l'hiver, j'ai cherché les raisons de cet échec. J'ai réalisé que je n'avais pas le repos nécessaire pour gagner des courses. Mon travail chez Maïco était épuisant. Après chaque course, je rentrais chez moi le soir tard, puis je devais être à l'heure au travail le lendemain matin. Chaque soir, je préparais mes motos pour la prochaine course. C'était du stress. Il me manquait la paix intérieure.
    En 1957, Maïco a exigé que nos machines restent proches de la production. Mais comme nous avions des tailles différentes, j'ai du adapter la moto à mes besoins. Cela a commencé par le guidon, que j'ai réalisé un peu plus étroit. Le levier du frein était légèrement plié en arrière, pour que je puisse l'atteindre confortablement avec l'index et le majeur. J'ai aussi raccourci les repose-pieds, de sorte de ne pas être gêné dans les obstacles et les virages. J'entourais les câbles et les bougies de ruban adhésif contre l'humidité et l'eau.
    En 1958, cela a été un peu plus compliqué, du fait des problèmes financiers de Maïco. J'ai eu deux motos neuves en début d'année et je n'ai rien pu modifier pour la première épreuve. Par contre en 1959, ce fut une grande année en terme de pilotage grâce à mes connaissances techniques et à la façon dont devait être conçue une moto. Pour la 250cc, nous avions un nouveau châssis, qui était bien meilleur que celui de l'année d'avant. Je n'ai pas participé au championnat d'Allemagne, je voulais juste rouler pour des courses, profiter de la vie grâce à mon statut de sportif, faire connaissance avec les gens. J'étais mentalement libre, d'autant que j'avais déjà gagné gagné deux titres nationaux et j'avais terminé deuxième du Championnat d'Europe. Pour ce qui est de la 250cc, elle était équipée de la dernière fourche télescopique Norton et des suspensions Girling à l'arrière. La 277cc était un bon modèle aussi. Pour le cadre, j'avais mis l'accent sur un gain de poids mais aussi sur la simplicité, donc j'avais utilisé les tubes de la moto de série. J'ai réalisé un réservoir plus petit et plus léger, une selle plus légère, fabriquée selon mes spécificités et conçu un garde-boue. C'était mon premier remodelage complet d'une moto. Cela avait été possible car Maïco avait réalisé que l'on ne pouvait pas rivaliser avec des motos de série et nous avait accordé le droit de modifier les motos.


  • La 250cc de 1959.
  • Quelles étaient vos forces ?
    WO : Une de mes forces n'était pas liée à la pratique de la moto, c'était le yoga. Auparavant, je n'en avais jamais entendu parler. On m'avait prêté un livre avec des images et des exercices à réaliser. Je l'ai dévoré en quelques jours. C'était comme une illumination, comme un rayon d'espoir qui résolvait tout en moi, qui levait le doute sur des interrogations. Cela m'a donné une perspective différente sur les questions religieuses. Du coup, j'ai acheté le livre immédiatement. Je l'ai lu une deuxième fois, en m'intéressant plus précisément au contenu et j'ai immédiatement commencé les exercices simples sur mon tapis de chevet. Il était exactement à la taille requise pour ces exercices. Je me suis levé une heure plus tôt le matin et je me suis entraîné avec des exercices statiques pour les courses. Je commençais par des exercices de respiration simple, puis des exercices de respiration relaxante, des pompes et enfin un entraînement du cerveau et des yeux. Aucun muscle n'était oublié. Tout s'effectuait au ralenti, avec une respiration lente ou profonde et pleine de concentration sur les muscles appropriés. La fin de la séance du matin était toujours ponctuée par la réalisation du poirier. Si possible, qu'il dure le plus longtemps possible, jusqu'à cinq minutes.Grâce à ce livre, pour la première fois, j'ai eu des informations sur mon corps, sur le fait de manger, de boire, de fumer, de dormir, sur ce que mon corps avait besoin comme temps pour se régénérer. Cette pratique m'a amené à être en pleine forme en début de saison et avoir de la confiance en soi.


    Avez-vous conquis des titres nationaux ?
    WO : Oui, deux titres en 250cc en 1957 et 1958. Je suis aussi vice-champion en 1957 dans la catégorie des 175cc.


    Quels étaient vos rivaux parmi les pilotes allemands ?
    WO : Fritz Betzelbacher, Rolf Muller, Klaus Kemper, Otto Walz, Erwin Schmieder, Gerhard Stauch.


    Aviez-vous des amis-pilotes étrangers ?
    WO : Georges Romailler et Freddy Von Arx, deux suisses, Pierre Marie, un français,

  • P.Marie.
  • Otto Brack et Jaromir Cizek.
  • J.Cizek en arrière plan, derrière W.Oesterle.
  • Nous nous étions connus en 1959 à Prerov. Nous avions bu une bière un soir.
    Enfin Fritz et Rolf étaient aussi mes amis tout en étant rivaux.
  • F.Betzelbacher, M.Single de chez Maïco, R.Muller et W.Osterle.

  • H.Ott, un ingénieur de chez Varta, F.Betzelbacher, W.Osterle et R.Muller.

  • Avez-vous couru en Allemagne de l'Est ?
    WO : Je me souviens d'une fois, nous avions roulé avec F.Betzelbacher à Kyritz. C'était en 1956. Tout avait été entièrement organisé par un journaliste de Reutlingen : contrat de départ, nuitées, visa à la frontière. Nous nous sommes donc rendus ensemble à Berlin Est à l'autorité sportive d'Allemagne de l'Est. Ils n'étaient au courant de rien du tout ! Nous avons été dirigé vers le Ministère des sports. On nous a dit que c'était le ministre qui donnait son accord et qu'il fallait revenir le lendemain. Nous avions fait pas mal de va-et-vient à la frontière, avec les gardes armés de leur fusil. C'était assez effrayant. Puis j'ai senti les gardes se détendre un peu, quand ils ont vu nos motos pour les inspecter. Ils étaient émerveillés. Après tout, c'étaient des gamins. Nous sommes restés à Berlin Ouest et nous avions dû aller et venir trois fois le vendredi et le samedi. Nous prenions notre temps. De tout façon, nous ne pouvions pas rentrés chez nous.
    Le deuxième jour, le ministre nous a personnellement remis les permis d'entrée et de sortie. La voie était ouverte. Désormais, nous pouvions nous rendre à Kyritz au nord-ouest de Berlin.
    A Kyritz, bien sûr, ne savait rien du fait que deux occidentaux venaient participer à une course de moto. Il y avait un petit règlement spécial : nous pourrions percevoir les primes de courses, mais pas les points du championnat d'Allemagne de l'Est. Nous avions été autorisés à participer pour le côté convivial et authentique du sport. Nous avions demandé quels étaient les meilleurs pilotes afin de participer aux essais avec eux. De suite, nous avons constaté qu'ils n'auraient aucune chance contre nous. Leurs moteurs n'avaient pas beaucoup de puissance, leur technique de pilotage et leur condition physique étaient inférieures. Fritz a donc remporté la catégorie 350cc et moi celle des 175cc. Dans chacune d'elle nous étions sans rivaux.


    Il y a cinq ans, j'avais lu dans une revue motocycliste française de 1959, que vous aviez gagné une course de vitesse. J'ai toujours voulu vous poser cette question. Pouvez-vous me raconter votre victoire ?
    WO : C'e fut un concours de circonstances ! En fait, au départ, je devais participer au Grand Prix d'Angleterre de motocross, le 5 juillet. Mais je m'étais inscrit en retard, donc je n'avais pas été retenu. Il n'y avait pas de motocross en Allemagne, ce jour là et je ne pouvais même pas imaginer ce week-end sans disputer une course !
    Après trois ans sans organisation, la course de vitesse de la Solitude près de Stuttgart reprenait. Il y avait une course pour les motos de série en catégorie 175cc et 250cc. J'ai pu m'inscrire et Maïco m'a fourni une moto. J'ai effectué mes premiers tours de roues de course de vitesse le vendredi, ce dont j'avais toujours rêvé quand j'étais petit.
    Le samedi, lors des entraînements, j'ai réalisé le deuxième meilleur temps, ce qui pouvait être décisif pour le début de la course, le lendemain. Malheureusement, j'ai raté mon départ. Tout le pack des coureurs était passé moi. Durant le premier tour, j'ai dépassé beaucoup de pilotes et à la fin du deuxième tour, j'étais dans la roue du premier, Reinhold Palme, sur NSU Max. Je l'ai dépassé par la suite dans une montée, puis il m'a doublé et a fait une chute terrible. Je n'avais plus qu'un tour à parcourir et j'avais de l'avance pour l'emporter. Un rêve était devenu réalité, j'avais gagné une course sur circuit de vitesse. Malheureusement, Reinhold Palme s'était tué. Je n'ai pas pu supporter cette mauvaise nouvelle et j'ai pleuré pendant une demi-heure. Cela ne pouvait pas être possible, j'étais juste venu là pour une course de vitesse et m'amuser.


  • Lors de la victoire à la course de vitesse de la Solitude.
  • Palmarès
    Champion d'Allemagne 250cc : 1957 et 1958
    Vice Champion d'Europe 250cc : 1957
    Vice Champion d'Allemagne 175cc : 1957

    Photos : archives W.Oesterle sauf * archives G.Gallez