Il faut retenir plusieurs choses à leur propos : cette année 92, pas encore achevée, ils l’ont traverséetambour battant, pavillon haut et étendard fièrement dressé face à l’ennemi. Ces propos guerriers ne sont pas le fait du hasard. Une saison de Grand Prix MX, de nos jours, n’est pas une sinécure.
Le nouveau système de 3 manches de 25 minutes et deux tours a pas mal modifié les données du problème. Greg comme Donny ont été à la fois victimes et bénéficiaires du nouveau règlement mais ils ont eu le mérite de ne pas s’écrouler dès lors qu’ils encaissaient du retard au classement provisoire (à mi-parcours pour Albertyn, en début de saison pour Schmit). Tous deux se sont vus relégués à un moment ou à un autre à une cinquantaine de points du leader du moment mais jamais ils n’ont abdiqué. C’était la bonne solution, étant donné que ce handicap négligeable – vu le nombre de manches courues a fondu comme neige au soleil le jour où ils ont enclenché la vitesse supérieure.
Greg Albertyn et Donny Schmit viennent de loin. Le premier d’Afrique du Sud, le deuxième du Minnesota, au nord des USA. Débarqués tos les deux en 1990 sur le continent européen, leur carrières n’ont pas été vraiment parallèles, mais elles pourraient le devenir dès l’an prochain puisque le Honda boy monte en 250. Leur première saison a été très différente. Schmit l’a vécu au sen du team Suzuki, on ne peut mieux, puisqu’à l’issue de cette première saison de GP, il enlevait le titre mondial 125 haut la main. Albertyn, qui évoluait au sein d’une petite équipe privée, se plaçait, lui à plusieurs reprises dans le top 5.
En 1991, ces deux jeunes gens connaissaient des fortunes diverses. Albertyn passait chez Honda-Venko et continuait à apprendre son boulot de pilote de GP. Schmit était promis à un deuxième titre 125 jusqu’au jour où il partait se fracasser dans une vicieuse descente hongroise. Everts prenait la relève et du même coup, le titre de Champion du Monde.
Départ des 125cc, Albertyn aux avants postes
Cette année Albertyn est reparti pour une nouvelle saison en 125, laissant Schmit en découdre dans une catégorie 250 en plein renouveau (arrivée d’Everts et de Moore également). Greg n’a pas toujours eu la vie facile, il se trouvait même à une quarantaine de points du leader Tragter après le premier tiers du championnat. C’est à partir de ce moment, à peu de choses près, que la tendance s’est inversée en faveur du Sud-Africain.
De plus en plus fort, enchainant les victoires de manches, il s’est retrouvé dans la peau du patron de la catégorie, ni plus ni moins. Quasiment couronné dès l’avant-dernier GP en Hollande (il ne lui manquait qu’un point pour être définitivement tranquille), Greg a empoché le titre dès la première manche d’un Grand Prix du Japon où il a voulu encore plus prouver sa valeur face à Mike LaRocco, dépêché pour Kawa US.
Le Champion d Monde 125 face au futur probable Champion 125 US, l’affiche avait de l’allure. Il n’en s’est fallu de peu que Greg ne prenne le meilleur sur Mike, mais l’avantage n’est finalement allé ni à l’un ni à l’autre, LaRocco se plantant en troisième manche et laissant la victoire à Tragter.
Donny Schmit, désormais, double Champion du Monde
En ce qui concerne Schmit, là aussi, la saison n’a pas été de tout repos. Un début d’année laborieux au guidon d’une Yamaha encore au stade de la mise au point, deux chutes sérieuses (aux USA, où il s’est froissé méchamment les vertèbres cervicales et en Finlande où cette fois c’est la hanche qui a pris – il a fallu quasiment l’asseoir sur la moto pour qu’il prenne le départ) mais au bout du compte, un deuxième titre de Champion du Monde, voilà qui vous classe un pilote…
L’année prochaine, ces deux-là se retrouveront en Grand Prix 250 en compagnie de – en autres – Everts, Moore, Puzar et Strijbos qui monte lui aussi. Bref si 1992 a été une saison «jeune », 1993 promet beaucoup.
Revenons sur le Grand Prix via quelques informations.
En 125
Greg Albertyn n’avait besoin que d’un point pour être champion et il comptait finir sur un coup d’éclat. Il a bien failli y parvenir en première manche car il était nettement plus rapide que LaRocco et s’apprêtait à le passer lorsqu’il est tombé dans les whoops. En deuxième manche, il est mal parti et a chuté dans sa remontée, contraint ensuite à l’abandon (plus de frein avant et radiateur cassé). En troisième manche, Greg était quatrième au début de la course et il pouvait gagner, mais il fallait que Strijbos prenne un maximum de points – il était tombé et était derrière – pour avoir une chance de garder sa place vice-champion. Alors Albertyn a attendu son coéquipier et a terminé dixième de la dernière manche de la saison.
La lutte pour la deuxième place s’annonçait sévère : un point séparait Strijbos de Tragter. Les deux hommes se sont retrouvés à égalité à l’issue des trois manches nippones. Le deuxième homme du Team JHK termine devant son compatriote au nombre de manches (5 contre 4).
Dave Strijbos a réussi a sauvé sa place de vice-champion
Décidé à remporter l’épreuve et surtout à prendre la quatrième place à Joakim Karlsson, Yves Demaria n’est parvenu qu’à moitié à ses fins. Après une première ratée (13è), le Marseillais a du mettre le turbo en seconde manche (vainqueur) avant d’assurer sa place dans le top 4 final lors de la dernière manche (8è).
Yves Demaria sur la plus haute marche du podium en 2è manche
Arrivé au Japon avec un sac de vêtements, Fred Vialle a découvert sa Kawa sur place, un modèle 1933 entièrement stock. Juste le temps de changer le guidon et de régler l’outil, et l’Avignonnais s’est élancé pour réaliser sa meilleure performance de la saison (3.10.11). Comme quoi…
Frédéric Vialle sur la 3è marche du podium en 1ère manche
Quant à Fred Bolley, la fin de saison en mondial est dure. Fred n’a pas scoré en Hollande et au Guatemala et s’est tordu le genou dès les essais. Résultat, il a abandonné en première manche, n’a pas pris le départ de la deuxième et a décroché trois petits points dans la troisième.
LaRocco a gagné la première manche, termina cinq dans la deuxième, menait la troisième, mais chut et abandonna, câble de gaz sorti du boisseau, perdant ainsi la victoire au général.
Mike LaRocco seulement 5è du Grand Prix
En 250
Déjà couronné avant le Japon, Donny Schmit était venu pour prouver quelque chose.Encore handicapé par sa chute finlandaise, Il voulait gagner et montrer sa valeur face à Stanton et Kiedrowski. Il n’a pas été bien loin : pris dans un accrochage au départ de la première manche, il a ensuite bouclé trois tours avant de s’arrêter et le lendemain, il est à nouveau tombé au départ de la deuxième manche, se faisant une belle frayeur «je pensais que j’avais le bras cassé ». Il n’est pas reparti en troisième manche
Stanton était ultra favori. Il a raté son départ en première manche mais est remonté à la sixième place lorsqu’il chuta, passa par dessus le guidon et abandonna. Dans les deux autres manches il termina respectivement quatrième et troisième après des départs moyens.
Podium de la dernière manche de la saison
C’est Mike Kiedrowski qui sauvera l’honneur des pilotes US. Il remporte ainsi son deuxième Grand Prix du Japon consécutif (en 125 l’an dernier) devant Evertsen et Puzar.
Mike Kiedrowski, l'Américain de service, vainqueur.
C’est en réalisant une fin de saison canon (trois manches lors des trois derniers Grands Prix et trois fois sur la deuxième marche du podium), qu’Edwin Evertsen a décroché la troisième place finale aux dépends de Puzar.
Edwin Evertsen, beau podium final
Voici les classements:
Catégorie 125
Catégorie 250
Source et photos : Moto Journal n°1051 et Moto Revue n° 3052 / C.Batteux et N.Sonina