Motocross History : Comment êtes-vous entré dans le monde de la moto ?
Christian Bayle (CB) : Je suis rentré par l'intermédiaire d'un cascadeur, Alain Prieur. Avec mon frère Jean-Michel, nous faisions un peu de moto comme ça. Alain Prieur connaissait mes parents qui étaient transporteurs. Ils l'aidaient a transporter ces tremplins de cascade et pour les remercier, Alain Prieur a offert a mon frère et moi une moto !
Alain Prieur lors d'une tentative de record du monde. *
Quand êtes-vous monté sur une moto pour la première fois ?
CB : Fin 1980, début 1981. J'avais eu une petite Monkey a Noël 1980.
Vous souvenez-vous donc de votre première course ?
CB : C'était a Charleval en mars 1981 et ça s'était plutôt bien passé. Il y avait un départ a l'élastique, mais j'étais resté coincé derrière ! En partant dans les derniers, j'étais quand même remonté a la septième place.
Que vous évoque le 17/07/1983 ?
CB : 1983, c'est l'année du junior. J'ai gagné une manche, c'est ça ? Pour moi, c'était un super résultat ! C'était ma première année pleine sur une 125, car j'avais commencé fin 1982. J'avais terminé 2è du challenge Gauloises Yamaha. Après mes années en 80, c'était pour moi un accomplissement de rouler sur une 125.
En 1984 et 1985, ce sont les deux premières années du 125 inter, comment cela se passe-t-il ?
CB : La première année, j'étais sur Yamaha, puis officiel Kawasaki. ça s'est plutôt bien déroulé, mais je me faisais mal, je n'étais pas assez régulier, je maîtrisais mal mon agressivité. Je compensais mon manque de technique, par mon agressivité.
Fin 1985, vous terminez 2è a Mothern, votre meilleur classement de la saison. Qu'avez-vous ressenti ?
CB : C'était ma première année chez Kawasaki, c'était une super année, mis a part le début du championnat, car je n'avais pas marqué beaucoup lors de la première épreuve. On avait tout ce que l'on voulait : la moto, le matériel. Malgré notre jeunesse, nous avons progressé vite avec mon frère. Ce fut une grosse saison !
En 1986, vous remportez deux épreuves a Cassel et Belvès devant les cadors de la catégorie. C'est le top ?
CB : Pas plus que cela, car j'avais pris du retard au championnat, alors que j'étais bien avec ma moto et physiquement. Si je n'avais pas eu ces chutes et mes blessures, j'aurais pu gagner un championnat de motocross 125.
Au final, vous êtes 6è, auriez-vous pu gagner le titre cette année-la ?
CB : Je pense que c'était jouable, je pouvais être champion. Avant la dernière épreuve que je ne dispute pas, j'étais deuxième.
En 1987, vous passez chez Honda, pourquoi ?
CB : Ils sont venus nous chercher avec un statut de pilote officiel. C'est la première année que nous étions officiel ! Chez Kawasaki, nous avions les frais de payés, la, nous étions salariés de la marque Honda !
Vous prenez une manche a Jean-Michel, la seule qui lui échappe, a Tremblaye. Ce fut une satisfaction de battre la tornade JMB ?
CB : Non, ce ne fut pas une satisfaction a l'époque. On bataillait pour le championnat ! Nous avions quatre ans d'écart, il était plus jeune, mais il a progressé plus vite.
1987, c'est aussi la première année du championnat de France de supercross. comment vous étiez-vous préparé a cet événement ?
CB : Cela faisait de nombreuses années que l'on regardait les supercross aux US en video, donc nous baignions dedans. Nous avions un terrain d'entrainement, on aimait vraiment ça le supercross. On voulait aller a Bercy, on était prêt, on avait une longueur d'avance sur les autres pilotes.
Jean-Michel et Christian entourent Jean-Luc Fouchet, l'organisateur du championnat de France de supercross !
Vous réalisez le grand chelem en supercross. Y a t-il eu une épreuve plus difficile que les autres ?
CB : Oui a Vidauban. en fait, je m'étais mis une grosse gamelle en Suisse et j'avais le sternum fêlé. C'était très, très dur. Je ne pensais même pas au grand chelem. Ca nous est venu après, on s'en est rendu compte après la fin du championnat que l'on avait réalisé le grand chelem !
En 1988, c'est le championnat des frères Bayle et Demaria. Il y avait une rivalité ?
CB : C'est ça. La rivalité existait vraiment depuis le début des années 80. il y avait deux familles, on ne se détestait pas, on se parlait entre nous, les pilotes. Ce sont les parents qui étaient rivaux. On en rigole encore !
En supercross, c'est la défense du titre 125cc. Y a t-il eu une pression supplémentaire ?
CB : Oui. C'est un peu différent quand on est champion en titre. Mais je ne l'ai pas mal vécu. J'avais plus misé sur le motocross cette saison-la, où d'ailleurs j'ai réalisé de beaux Grand Prix. J'ai raté le titre, car Yves (Demaria) était plus fort.
En 1989, pourquoi changez-vous de catégorie ?
CB : En fait, mon frère change de catégorie, il monte en 250cc. Comme nous avions la même structure, je lai suivi, même si je n'avais pas une prédilection pour cette cylindrée.
Christian a Salindres.
Vous ne scorez qu'une seule 2è place, a Gimont. Etait-ce une catégorie plus difficile que le 125cc ?
CB : Non, ce n'était pas plus difficile, c'était la moto qui me plaisait moins. La 125 demandait une grosse dépense physique et d'attaque et ça me plaisait bien ! J'aimais moins les grosses cylindrées. C'est pour cela que je n'ai jamais roulé en 500cc sauf au Memory Moreau !
Cette même année vous terminez pour la troisième fois de suite sur le podium en championnat de France de supercross. Avez-vous préféré le supercross ou le motocross ?
CB : Les deux. Je n'avais pas de préférence. J'ai eu de meilleurs résultats en supercross, mais j'adorais les deux.
L'année suivante, pourquoi redescendez-vous en 125cc ?
CB : J'ai toujours préféré cette catégorie. Par contre en avril, j'ai arrêté ma carrière. Je me suis dit, est-ce que cela ne sera pas la course de trop ? Je n'ai jamais regretté ce choix.
On revient en arrière avec les Grand Prix. Vous souvenez vous du premier GP ?
CB : Ca devait être en 1985, avec la Kawasaki. Ce n'était pas au Grand Prix de France, car j'étais blessé. Il n'y avait que huit pilotes français de sélectionnés pour la saison. La Fédération établissait une liste en début d'année sur laquelle je n'étais pas. Un pilote de cette liste n'y était pas allé et j'avais pris sa place. Cela devait être en Finlande, si je me souviens bien. Je n'avais pas marqué de point.
Vous marquez vos premiers points en 1987 a Arco (15-15), quel effet cela vous a t-il fait ?
CB : Comme cela rien, franchement, je ne m'en souviens pas !
La même année vous réalisez un bon Grand Prix de France ?
CB : Ah oui, c'était vraiment super ! De mémoire, je score 11 et 9. J'avais eu un souci avec la grille lors au début de la 2ème manche, donc le départ avait été redonné. Je me souviens qu'il faisait très chaud et que le public nous encourageait et c'était le début des fans des Bayle!Christian a Arbis.
Vous scoré aussi une bonne manche (9) a Kuopio en Finlande. Vous étiez bon dans le sable ?
CB : Pas du tout ! C'est quelque chose qui ne me plaisait pas du tout, mais j'en ai "bouffé". J'appréhendais quand j'allais a Valkenswaard. A Kuopio, ce n'était pas très sablonneux, c'était dur en dessous. Je termine juste derrière P.Perrier. En deuxième manche, ils avaient arrosé la ligne de départ et je chute. Si je me souviens bien, il y avait un tremplin a ski a côté du circuit.
En 1988, vous réalisez votre meilleure score en manche : 5è en Irlande.
CB : J'aurais pu faire podium. Je pars devant, Strijbos et Jean-Michel me passent. Puis je roule derrière mon frère et sur un grand saut a fond, il tape la roue arrière de Puzar. Il est tombé et j'ai failli lui rouler dessus. Mais vu sa chute, je me suis dit qu'il devait être blessé. Je n'ai pas arrêté de penser comment il allait et ça m'a miné. J'ai arrêté ma course. Finalement il allait bien, il a terminé deuxième ! Du coup j'ai pris part a la seconde manche et je suis encore bien parti. Je suis resté troisième pendant 3 tours ! Et je termine cinquième !
Blargies, Grand Prix de France : que s'est-il vraiment passé ?
CB : En fait ça a été un concours de circonstance. avec Strijbos, on roulait l'un derrière l'autre, j'étais devant lui, et quand je le vois arriver, c'est vrai que j'ai pensé a le maintenir derrière moi. Il y avait deux trajectoires : une a l'intérieur et une a l'extérieur. Je le vois partir a l'exter, donc je prends l'inter. Il virait tellement vite, que l'on s'est retrouvés l'un contre l'autre. Il tombe et moi pas. Il repart, mais attardé. Ce sont les journalistes qui ont amplifié l'incident !
1989, c'est plutôt une bonne saison en Grand Prix ?
CB : Oui, dommage qu'il y ait eu quelques chutes. Je termine septième a Metz pour le Grand Prix de France. J'étais parti dans les 10 et j'ai réussi a me maintenir dans ce top jusqu'a la fin. Ce fut le meilleur résultat des Français au Grand Prix de France 250cc ! En seconde manche, je suis parti dernier et je suis remonté jusqu'a la seizième place ! dommage !
Maracay au Venezuela ?
CB : Je me souviens bien de ce Grand Prix. Il avait fait très chaud. C'était un très bon souvenir, j'avais scoré dans les deux manches même si j'avais chuté dans les deux manches. L'organisation avait été moyenne, mais a l'époque, ça passait.
Un départ a Maracay. *****
Et Unadilla aux Etats-Unis ?
CB : C'était magnifique. Pour l'époque, on ne connaissait pas de circuit comme cela, avec des bosses de partout et des trajectoires ! De mémoire, je marque des points dans une manche après avoir pris un bon départ.
Drapeaux français pour Christian, américain pour Jean-Michel ! ******
En 1991, avez-vous accompagné Jean-Michel aux Etats-Unis ?
CB : Non, j'avais changé d'optique, j'avais acheté un piano bar.
Quelles étaient vos forces et vos faiblesses ?
CB : Mon agressivité. En point faible, je dirais ma mauvaise faculté d'adaptation aux circuits et a la technique.
Qules étaient vos circuits préférés ?
CB : J'aimais bien Arsago Seprio. Un vrai circuit de motocross avec des doubles sauts type SX. Château du Loir, un circuit naturel avec des montées et des descentes. J'avais été impressionné par Montgueux.
Y a-t-il un circuit sur lequel vous auriez aimé rouler ?
CB : St Jean D'Angely.
Quel était votre entrainement a l'inter saison ?
CB : Je faisais un gros entrainement physique et sur la moto. C'est grâce a cela que j'ai progressé. J'allais souvent en Belgique pour rouler dans le sable, je cherchais les conditions compliquées pour progresser. Je me souviens, j'allais a Lommel avec JJ.Bruno par moins 10 degré.
Vous entrainiez-vous avec Jean-Michel ?
CB : Oui, tout le temps. On se poussait l'un l'autre pour progresser.
Quels conseils vous a t-il prodigué ?
CB : Il ne m'a pas donné de conseils. Il avait trois ans de moins que moi. Il avait une facilité d'adaptation impressionnante. La où il lui fallait 1 heure, moi, je mettais 2-3 heures !
la BBC, qu'est-ce que c'est ?
CB : C'est la Bayle Brothers Connection. A l'époque, il y avait la CCA, Cross Critik Association. C'était pour faire un peu comme eux. On avait des tee-shirts, des autocollants. Il y a même eu de faux stickers ! C'est un excellent souvenir !
Vous avez roulé aux Nations, aussi ?!
CB : Oui, la FFM avait eu l'idée de créer une équipe d'Andorre. C'était une équipe de jeunes pilotes. Il y avait P.Perrier et Y.Demaria. On était l'équipe de France bis ! On a moins vécu le beau résultat du trio, car on était en course, mais on avait fêté la 2ème place avec eux après !
L'équipe d'Andorre et ses pilotes devant la moto du futur vainqueur !
Dans quel pays avez-vous le plus et le moins aimé rouler ?
CB : En plus, les Etats-Unis. En moins, la Tchécoslovaquie. La qualité de vie y était moindre, il y avait de l'attente aux frontières.
Que faites-vous aujourd'hui ?
CB : Je tiens un bowling, cabaret-restaurant et un karting a Manoque.
Suivez-vous encore l'actualité ?
CB : Oui. Ca m'arrive de regarder le supercross US. Ce qui est marrant, c'est que maintenant, il y a des fils de pilotes avec qui on roulait a l'époque. Mike Craig, par exemple, a appelé son fils Christian, comme moi !
Vous participez a des courses d'anciennes ?
CB : Oui, je vais au rassemblement Memory Moreau, je retrouve les copains. C'est pour cela que j'y vais, plutôt que de rouler en courses d'anciennes. J'aime bien revoir les gens, les fans. Ceux qui venaient nous voir, nous encourager a l'époque, reviennent nous voir sur ce genre d'événement. J'aime bien cela !
Quel est votre meilleur souvenir ?
CB : Mon titre en supercross !
Christian et le trophée ! **
Palmarès :
1983 : 3è du championnat de ligue 125cc
1983 : 3è du Trophe Yamaha-Gauloises
1984 : Championnat de ligue 125cc
1987 : Championnat de supercross 125cc
1988 : 2è Championnat de supercross 125cc
1989 : 2è Championnat de supercross 125cc