Ce qu’a réalisé Bruno Beuern est unique dans les annales du cross français. Unique et inattendu, il faut bien le dire. Certes Jean-Jacques nous a habitué depuis le début de la saison des performances très régulières aux places d’honneur, mais de là à accrocher son palmarès une victoire dans un GP autre que celui de France, il y a un pas que les optimistes eux-mêmes hésitaient à franchir. Ce qui est valable pour Bruno l’est d’ailleurs aussi pour André Malherbe, qui confirme superbement ses prétentions en enlevant la seconde manche et bien sûr pour Graham Noyce, solidement accroché à la place de leader.
Pendant que ces «p’tits jeunes «marquent un maximum de points, force est de constater que les valeurs confirmées marquent le pas. Seul Wolsink, de manière un peu inattendue d’ailleurs, assure manche après manche de quoi empocher peut-être un titre supplémentaire de vice-champion. Lackeu à Beuern ne marque que 2 points : une misère ! Quant à Mikkola, il n’a même pas pris le départ, se ressentant encore de sa chute avec Malherbe au Canada. Le circuit de Beuern, très rapide et éprouvant, donne incontestablement la part belle au départ. Et – chance – pour une fois Bruno part en tête en première manche ! En fait, personne ne pourra jamais revenir sur lui, et Jean-Jacques remportera sa deuxième victoire partielle bien plus facilement qu’il ne l’avait fait à Thouars. Pourtant, il donnera à sa petite cohorte de supporters bien des inquiétudes en grimaçant de douleur à sa descente de machine. Orteil fracturé ? Malgré le doute (et la douleur), Bruno partira en seconde manche.
En seconde manche, Bruno repart devant ! Mais la douleur est là , qui le pousse à assurer plutôt qu’à tenter l’impossible. Jean-Jacques doit ainsi laisser passer Noyce, Wolsink, Malherbe et De Coster, pour marquer 6 nouveaux points qui lui permettent de talonner les deux Belges au classement général. Malherbe s’imposant dans cette manche, c’est encore Noyce qui réalise la plus belle affaire et se pose de plus en plus sérieusement comme prétendant n°1 pour le titre mondial. Lackey (piston cassé en première manche) et Mikkola auront, en effet, du mal à recoller au jeune Anglais, même s’il reste 5 épreuves courir. Une chose est certaine, il y a bien longtemps qu’un championnat du Monde 500 (traditionnellement le plus difficile) n’avait vu un tel renversement de valeurs. La nouvelle génération du cross mondial n’a décidemment aucun respect pour ses aînés.
Voici le classement du Grand Prix :
Texte et photo : Moto Revue n°2420 / X.Audouard