Lors du Grand Prix de Tchécoslovaquie 500cc en 1961, il y a eu un tournant dans mon état d'esprit. Vers le deuxième tour, mon pied a glissé du repose-pied et m'a coupé la cheville. Soudain, j'ai senti de la chaleur dans cette jambe, et j'ai cru que je m'étais coupé une artère et que du sang coulait dans ma chaussure. Je n'arrêtais pas de me demander ce qui m'était réellement arrivé. J'avais même envie de m'arrêter au parc coureurs, mais je ne l'ai pas fait, pour l'amour de Dieu.
J'ai donc rétrogradé a la huitième place du classement. Le dernier a m'avoir dépassé était Ervin Krajkovic. Une pierre a volé de sa moto et m'a touché au nez. Je me suis mis en colère et je me suis dit que je ne laisserais aucune moto me jeter des pierres au visage et a un endroit dangereux de la piste. L'action d'après, j'ai littéralement sauté par-dessus E.Krajkovic et j'ai atterri devant lui. Pour cela, j'ai dû beaucoup me concentrer et c'est a ce moment-la que j'ai oublié ma cheville blessée et que j'ai ramené mes pensées a la course.
Un autre fait s'est produit dans cette manche, a savoir mon meilleur ami Josef Hradek s'est agenouillé a côté de la ligne d'arrivée les mains jointes. Il m'a supplié de continuer a courir. C'est a ce moment-la que j'ai retrouvé mon état d'esprit conquérant et que j'ai commencé a dépasser, d'abord E.Krajkovic, puis J.Hrebecek, puis R.Tibblin et enfin S.Lundin, je suis donc revenu a la deuxième place derrière Bill Nilson. Les 80 000 spectateurs enthousiastes m'ont tous encouragé, m'ont aidé a le faire. C'est pourquoi même le spectateur qui notait les numéros des pilotes passer devant lui a arrêté d'enregistrer jusqu'a ce que je recommence a courir, ensuite, il n'a sans doute pas eu le temps de prendre des notes, car il devait suivre ma remontée comme tous les spectateurs. Tout cela a tourné dans ma tête, jusqu'a ce que je puisse a nouveau me consacrer pleinement au pilotage !
Je n'ai vécu environ que cinq autres courses similaires au cours de ma carrière : Bonn 1957, Leichlingen 1960, Sarka 1960, Holice 1960 et Beroun, 1962.
Photos : archives K.Bartos.