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Interview exclusive

Le podium victorieux du Grand Prix de Yougoslavie en 1977.

Resté quelques temps dans le coma, en étant sorti boulimique, Daniel va aborder la saison 1977 dans d’évidentes mauvaises conditions. Un retour raté en Grand-Prix le dissuade, dans un premier temps, de poursuivre l’aventure tant que son état physique et son moral ne seront pas reconstitués pleinement.


En France, il lui faut cependant défendre sa suprématie et cela en faisant face à la montée en puissance du prodige à la KTM, le jeune Jean-Jacques Bruno. Cette opposition donnera lieu à un duel inoubliable où Daniel oppose sa combativité et son expérience au talent brut et à la fougue du jeune Nordiste. Dans ce qui restera peut-être le plus beau championnat de France de l’histoire, Bruno finit par prendre l’ascendant sur son aîné. Il en ira de même, croit-on, dans le cadre du championnat du monde. Auteur de ses premiers podiums en Grand-Prix 250, on pense logiquement que « Super Bruno » sera le premier pilote Français à triompher à l’échelon mondial.


Le jour de gloire !

Mais c’est sans compter sur ce jour de gloire de juin 1977. Encouragé par son retour en forme sur les épreuves disputées dans l’Hexagone, Dan tente le coup et décide de s’aligner in extremis au Grand-Prix de Yougoslavie…la suite appartient à l’histoire, une première manche remarquable, conclue à une magnifique seconde place derrière le Soviétique Rulev. Un second débat plus compliqué avec un calage qui fait perdre à Daniel le contact avec les leaders...qu’à cela ne tienne, il faut s’accrocher, bonifier ce premier résultat inattendu et tenter de conclure la journée sur le podium. Méritoire septième de cette seconde manche, le pilote Maïco a de quoi être satisfait. Mais quand il apprend sa victoire au général, ses adversaires ayant fait preuve d’une grande inconstance, c’est un torrent d’émotion qui s’abat sur Daniel et son père, venu le coacher en cette lointaine Yougoslavie.

Victoire impromptue qui prend aussi les organisateurs au dépourvu, eux qui doivent remuer ciel et terre pour trouver d’urgence une Marseillaise que personne n’avait anticipée ! Au son d’un vieux disque tournant sur un phonographe, une gerbe de fleur et un cliché pour l’histoire ponctueront ce somptueux triomphe qui place désormais la France sur l’échiquier mondial…


Avec encore une très bonne manche au Grand Prix de Grande-Bretagne, et surtout une seconde manche légendaire – nous reviendrons dessus dans un autre article - lors du Motocross des Nations organisé en France sur le circuit des Mullons à Cognac (quatrième après avoir longtemps tenu le commandement de la course), la fin de saison 1977 confirme le retour au premier plan de Daniel Péan.


1978 verra pourtant le pilote Maïco décliner quelque peu : 17e mondial avec malgré tout une belle 4e place acquise lors de la première manche du GP de France. Sur le plan national, Dan retrouve - Jean-Jacques Bruno parti chercher fortune en 500cc - un adversaire de valeur en la personne du jeune Patrick Boniface tout juste auréolé de son titre en 125cc mais qui, malgré son talent, ne pourra empêcher Daniel de coiffer son troisième et ultime titre de champion de France 250cc.


La saison suivante sera beaucoup moins joyeuse pour Péan qui, s’étant séparé de son habituelle Maïco, tente l’aventure espagnole avec la Montesa. Machine performante, éprouvée au niveau mondial, celle-ci débute son chant du cygne en cette année 1979 en raison d’une fiabilité plus que douteuse. Lassé par les incidents mécaniques à répétition, Dan récupère une Kawasaki standard pour finir la saison. Alors qu’il est malgré tout en lutte pour le titre de champion de France avec Patrick Boniface et Jean-Michel Baron, il se blesse avant la dernière épreuve et doit abandonner son titre... En Grand-Prix, le bilan est sinistre, puisque seule une 8e place lors du Grand-Prix de Belgique permet à Daniel de figurer (très loin) dans le classement mondial.


L’année 1980 verra pratiquement Daniel disparaître des circuits. Passé en 500cc, toujours sur une Kawasaki fournie par l’importateur, il connaît une saison pour ainsi dire blanche, marquée par les blessures et beaucoup pensent alors que la carrière de l’ex-numéro un Français est terminée.


C’est sans compter sur la ténacité qui caractérise les champions de son espèce. Reparti en 1981 dans une structure à minima (toujours au guidon d’une 500 Kawasaki standard), devant assumer seul l’entretien de sa machine, le triple Champion de France, bien qu’arrivé convalescent à l’ouverture du championnat de France, va prouver dès le début de la saison qu’il faudra encore compter avec lui. Impressionnant la presse et les observateurs, il monte peu à peu en puissance dans ce championnat, au point d’être le seul à tenir la dragée haute à son vieux rival Jean-Jacques Bruno, désormais star des Grand-Prix 500 au guidon de son prototype Suzuki, lors de épreuves de Brou et Iffendic.


Si Daniel achève ce championnat à une cinquième place qui ne rend pas justice à ses vraies performances (des soucis mécaniques étant passés par là), il retrouve sa place à l’échelle continentale, manquant de peu de retrouver les points au Grand-Prix de France, ce qu’il fera dans la cadre prestigieux du GP de Belgique en décrochant une admirable 10e place sur le circuit de la Citadelle de Namur au milieu des pilotes d’usine les plus chevronnés de cette époque.


Sélectionné pour le prestigieux motocross des Nations disputé à Bielstein (Allemagne), il s’en faut d’un tour et d’une manœuvre inadmissible du britannique Watson, pour que Daniel ne signe une performance exceptionnelle (8e) au sein d’un peloton qui se compose des pilotes les plus prestigieux quelle que soit la catégorie et le côté de l’Atlantique dans lesquels ils officient.


Ajoutant à ces performances une victoire au cross international d’Orly, une victoire au Trophée 875 disputé à Gaillefontaine (une manche disputée dans chaque cylindrée pour l'ensemble des concurrents !) et un podium lors de la prestigieuse Coupe des As, la fin de saison 1981 confirme le retour en forme de l’homme à la 500 KX.

Photo : Moto Revue n°2321