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Interview exclusive

Jansen triomphe de la boue

Sourdeval 1963

Tout commença, au midi, par une confession…

Alors que Baratin, toujours de l’avant, en matière d’esprit, situait le cross sur le plan : « Don Camillo, Monseigneur » , nous recevions d’un côté, les confidences du brave M.Seguin, élu débonnaire de la commune, et de l’autre, celles de M.Bellamy, le bon petit vicaire de la paroisse de Sourdeval.

« C’est bien a vous, Moto Revue, que j’préfère me confesser…le p’tit curé, il m’dit toujours qu’il a de la lie, qu’faudra récurer ça, et quand même, il m’met toujours sur la poêle ! (M.Seguin est quincailler), mais n’sommes bi contents d’l’avoir avec nous dans l’pays »

Ceci vient à point pour situer Sourdeval, petit carrefour du bas de la Manche, mais chef-lieu de spontanéité, de bonne entente, de grands délicatesse aussi, et qui, depuis 10 ans offre aux officiels de la Ligue de Normandie, en même temps qu’une journée de sport, des heures très douces d’amitiés vraies.

Et quoique Mr Lesueur ait accordé ici, l’autonomie interne, sans promesse aléatoire de coopération, nous étions, tout comme par le passé, ensemble réunis, pour ce 10ème motocross, lequel connut son habituel et effarant succès.

Nous avons assisté aux éliminatoires et à la première course du championnat de Normandie senior, et vu un extra-national propre a nous réconcilier avec une formule bien souvent condamnée. Pourtant ces différentes épreuves appellent avec un soucis d’honnêteté et de probité sportives, des commentaires dont l’amitié, loin de là , n’est pas exclue.

Sourdeval est un terrain qui ne s’accommode pas du mauvais temps, c’est un circuit tributaire de bien des facteurs. Nous citerons les impératifs d’une location à plusieurs, laquelle se veut chaque année, de plus en plus abusive, retenant en même temps l’organisation d’en disposer A plein gré…nous évoquerons la seule bonne volonté des éléments locaux, disposes ci et là , tout autour du terrain, en transposant la phrase pertinente d’un illustre confrère : « l’énergie du chef ne peut à elle seule, faire marcher tout le cross »…Il faudrait donc prévoir, à Sourdeval, un circuit forçant l’impondérable.

Alors que Gaston Bernard venait de libérer les 15 partants du championnat de Normandie seniors, la pluie, la grêle vidaient tout un coup le terrain. Mais Thomas (Les Andelys), devait repasser le premier et mener 10 tours durant devant Pierre (Caen) arrêté plus tard sur bris de cale de gaz, puis Roussel (Deville). C’est en vain que l’on devait attendre Blanchard (L’Aigle), lequel ne pouvant éviter R.Lejeune (Dieppe), involontairement en travers, fit alors marche arrière et cassa tout ce que son guidon comportait d’accessoires…Berson (Château du Loir) terminait 4ème.

Roussel détaché devant Thomas, avait réussi le départ de la 2ème manche. Alors que Roland Lejeune inaugurait la série des glissades sur le dos mais avait quand même le temps de reprendre le pauvre Perrin (Thomer), arrivait esseulé, redescendait aussitôt, évitait de justesse sa moto, tandis qu’un brave lui apportait un très nécessaire secours ! Bonnet (Caen), se présentait, passait, Godefroy aussi, malgré ses kilos. Pour Berson, le raidillon ne présentait aucun problème, mais Perrin semblait sonné et respirait fortement. Blanchard passait en tête au 2ème tour, A 200 mt de Roussel, et derrière, déjà, on ne voyait personne…pardon, Pierre lui, arrivait, mais c’était son 1er tour.


Thomas arrive mais s'arrête


Perrin remettait en route, tentait un essai, mais en vain ! Thomas franchissait, mais Godefroy calait avant même d’attaquer. R.Lejeune rebroussait chemin, malgré lui, pour laisser Blanchard accomplir son 3ème tour. Jusqu’alors, 3 coureurs sur 15 avaient réussi à tourner ! Au 6ème tour (si nous reprenons ce qui s’appelait la course), Blanchard n’était plus que tout seul, Roussel avait pris une pèle magistrale, et la paille envolée, le garçon et la moto rappelaient un édredon éventré. Thomas, le pauvre Thomas, s’était enlisé à plat ventre dans la boue. Perrin avait réessayé mais en vain. On avait donc tout le temps d’établir le classement suivant : Blanchard, Godefroy et Roussel à 4T, Nowak à 5T, Pierre 6T, Perrin à 7T.

Entrant dans la grande montée et alors qu’il se présentait bon premier, le petit Blanchard arrachait son câble de gaz, s’arrêtait, se couchait : c’était fini pour lui ! Roussel, alors, bien en arrière, passait, prenait le commandement, suivit de Perrin, Nowak, Pierre, Godefroy, etc…

M.Lesueur avait heureusement shunté le circuit. Un tour plus tard, Roussel, bloqué dans une ornière, voyait Perrin le doubler, lequel bouclait seul un nouveau tour de circuit, et rejoignait Roussel qui repartait alors, un peu en avant du conseiller de Robert Lejard. C’était la feinte trompeuse et, alors que nous pointions toujours Roussel en tête, l’ami Langlois plus tranquillement abrité, avait bien adjugé à Perrin, le tour qui lui revenait. Ils continuaient ainsi la course, et ce, jusqu’à la fin, vraiment au point de s’y méprendre. Godefroy et Nowak avaient animé à l’arrière, séparés de temps à autre par Pierre, devant Bonnet, Paul Lejeune, etc…


Pierre se retient



C’est Gustavsson qui avait mené le début de la 1ère manche de l’extra-national, et ce, jusqu’au 8ème tour, au cours duquel, guidon tordu, démantelé il laissait le commandement à Rasmussen qui terminait devant les deux Belges Scaillet et Jansen, Gérard Ledormeur, René Klym, Baulard, Underwood, Delpeyrat et Clayton à 1 tour, Robert Klym à 2 et Jean Cros accidenté.

Ils étaient tous partis sans lunettes, évidemment, et Bernard avait compté 11 coureurs sur la ligne. Gustavsson passait rapidement seul en tête, séparé de Jansen, Scaillet, Ledormeur, Cros qui avait voulu y regouter, Underwood, etc…

Au 1er tour, il n’y avait encore trop de mal. Le Suédois, les deux Belges, Quéquette et Gérard étaient passés, mais Groult d’abord, Robert Klym ensuite, Baulard enfin n’avaient pu franchir et méditaient en bas…Clayton attendait que la voie fut libre.

Rasmussen qui s’y connait pourtant dans la boue, n’avait voulu persister. Au 2ème tour, les champions sus nommés, ceux qui avaient su sauter, tenaient de repasser. La foule scandait : oui… non. C’était oui pour Gustavsson, non pour Jansen, oui pour Scaillet, non pour Gérard, deux fois non pour Robert, oui pour Groult !

Au 4ème alors que Scaillet avait pris le commandement, le Suédois réapparaissait, s’élançait, rencontrait au 1er étage nous ne savons plus quel coureur, bref, la roue avant s’annonçait, puis deux moignons (de fourche) enfin la moto et son cavalier : 500 francs dans la boue ! Scaillet réapparaissait, disparaissait, mais en arrière, emballait son moteur qui lâchait des lacrymogènes, masquant la honte de sept coureurs en bas.

Un peu plus tard, il y en avait dix. Nous vous passons la suite, et donnons le classement : Jansen, Underwood, G.Ledormeur, Robert Klym, Groult, Delpeyrat, René Klym, Scaillet, Gustavsson, Clayton, Cros, Rasmussen.

Une finale bien anonyme permit tout de même aux deux Anglais qui jusqu’alors, s’étaient montré bien pâles (MM. Clayton et Underwood on vous a vu meilleurs) de jouer un chassé-croisé derrière Jansen qui mena constamment et Baulard mais à 1 tour du Belge. Le 5ème avait nom Lionel Groult, lequel à force de bras, était venu un instant séparer les deux sujets de Margaret, devant encore Gérard Ledormeur retrouvé avec plaisir, René Klym, Delpeyrat et Robert Klym.

A noter que Jean Cros, qui souffrait d’un genou meurtri, ne put prendre le départ de la finale Inter. Il proposa très simplement, très cordialement sans conditions aucunes sa machine, sa belle Monark de championnat à J.Baulard qui se lamentait de ne pouvoir réparer. Le Normand put ainsi terminer à la deuxième place !!

Voici les résultats :

Nationaux

1)Roussel

2) Godefroy

3)Nowak.J

4)Lejeune.R

5)Blanchard.S

6)Perrin.C

7)Thomas

8)Pierre

9)Bonnet

10) Berson

11) Ait-Seddick

12) Lacour

Inters

1)Jansen.N (Matchless)

2)Underwood

3)Ledormeur.Gé (BSA)

4)Klym.René (Lito)

5)Baulard.J (Matchless)

6)Groult.L

7)Delpeyrat.G (Triumph)

8)Scaillet.H (Matchless)

9)Clayton

10) Klym.Ro (Lito)

11) Rasmussen.M

12) Gustavsson.L

Source et photo moto revue n°1643 / PSC