Cooper Web
Interview exclusive

Patrick Fura : Double champion de France et bien plus encore...partie 2

La logique sportive voudrait que Fura grimpe dans cette suprême hiérarchie des GP 500 en 1983...il n’en sera rien avec une année encore faite de paradoxe entre une campagne mondiale ratée (5 malheureux points ramenés entre l’Italie et le San Marin) et un second titre de Champion de France, naturellement acquis chez les inters 500. Le superchampionnat, effectué sur une 250 Husqvarna d’usine, voit Patrick réaliser un magistral doublé au nez et à la barbe de Vimond et Bruno lors de l’ouverture disputée sous une chaleur accablante à Arbis. Au final, Fura devra cependant s’incliner face au Normand; mais cette campagne lui aura permis de retrouver des automatismes et de la confiance au guidon d’une quart de litre.


Car effectivement « Rafu » s’alignera pour la saison 84 au départ d’un championnat du monde 84 rendu très ouvert par le départ de plusieurs cadres (entre autres Jobé, Laporte et Vand Der Ven, soit le top 3 de l’année précédente, partis chercher fortune en 500 pour les deux premiers et…en 125 pour le Néerlandais) et l’arrivée d’une nouvelle génération. Sur la lancée d’une belle 5ème place lors de la manche initiale du Grand Prix de France disputé à Saint-Jean d’Angléy qui marque l’ouverture de la saison, Fura va tenir son rang dans le top 10 pendant un bon tiers de la saison, avant que HVA ne lui retire son matériel d’usine. Relégué sur une machine quasi-stock aux performances pitoyables, le picard va connaître une traversée du désert longue de plusieurs semaines faîtes de DNF et de contreperformances avant de décider de se séparer de la seule marque pour laquelle il ait jamais couru jusque lors…Fort heureusement il trouvera dans le très actif concessionnaire Moreau un soutien de choix et finira sa saison complètement revigoré sur la 250 Honda, comme en témoigne une très belle manche lors du GP de Suisse (4ème). En France, Fura ne peut lutter contre un Jacky Vimond en état de grâce, mais il retrouve suffisamment de ressources pour se montrer le plus rapide derrière lui lors de la plupart des courses de fin de saison…


Satisfaits l’un et l’autre de leurs performances réciproques, Fura et Honda vont sceller un partenariat qui ne s’achèvera qu’au terme de la carrière du pilote Picard.


Regonflé par cette très belle fin de saison, Patrick Fura entame la saison 85 avec de solides ambitions. Et le début de saison lui donne raison, 5ème du championnat après deux GP réussis (Afrique du Sud et Suisse), il va réaliser une saison agrémenté de très belles performances, comme en France où il signe le premier podium de sa carrière grâce à deux quatrième place. Cependant cette épreuve génère un certaine frustration puisqu’il manque de peu d’assurer un doublé historique (Jacky s’étant montré naturellement intraitable dans la boue de Gimont), perdant le bénéfice de la seconde place en se « baquant » dans les derniers hectomètres de la course en seconde manche… Hélas, une fin de saison mal négociée l’empêche une nouvelle fois, et de peu, d’accrocher le top ten final (12ème). En France, Fura se montre constant mais ne gagne aucune course, que ce soit en championnat 250 (3ème au final) et au superchampionnat (4ème). Surtout, cette année là, Patrick a la douleur de perdre, en cours de saison, son jeune (et sympathique) frère Pascal qui officiait auprès de lui en tant que mécanicien. On imagine aisément les conséquences de ce drame sur ses performances…


1986 marque le début du déclin du double champion de France. Choisissant de rouler en 250 pour le compte du championnat du monde et en 500 pour le tout nouveau championnat de France Open, Patrick connaît une année noire sur le plan des GP (2 petits points) sur laquelle il n’apparaît pas nécessaire de s’étendre. En France une honorable quatrième place sanctionne les efforts de Rafu, mais le goût de la victoire s’estompe peu à peu chez le pilote Honda.


Pour plus de cohérence, Fura s’alignera en 500 que ce soit en mondial ou en France pour l’année 87. Irrégulier, il accroche une 7ème place finale en Open Inter, mais la saison de GP le voit réussir quelques performances intéressantes (entre autres, une belle 6ème place en Autriche).


1988 sera finalement la dernière saison du pilote Picard, redescendu une nouvelle fois en 250. Le week-end de Pâques de cette année illustrera le caractère paradoxal de certaines de ses performances…ainsi après une ouverture ratée pour le compte du championnat open inter le dimanche (9 et 7), Rafu s’illustre de la plus belle des façons en s’offrant son dernier succès de prestige en s’imposant le lendemain lors du traditionnel cross inter de Thomer la Sogne, devant un plateau de choix. Au final, Fura conclue sa carrière sur une 4ème place en Open inter et une paire de performances intéressantes en GP (France et GB où il accroche le top ten).


Usé par ces années de rudes combats, marqué par une certaine infortune, Fura raccroche à la fin de la saison 1988 et laisse le souvenir d’un pilote combatif et talentueux autant qu’humble et courageux. Tant de qualité qui on fait du pilote Picard un des pilotes les plus populaires des années 80.

Patrick Fura Digest :

1978 : 5ème championnat de France 125 junior.

1979 : Vice-champion de France 250 sénior (derrière Eric Dumont) - HVA

1980 : Vice-Champion de France 250 inter (Champion : JM Baron), 15ème du mondial 250. Podium de manche en Espagne, Belgique et URSS). Vainqueur de la coupe des As. Vainqueur de manche à la Coupe de l’Avenir - HVA

1981 : Champion de France 250 inter. 26ème mondial 250 (12 points) - HVA

1982 : 3ème Championnat de France 500 inter, 13ème du mondial 500 (29 points) – (5ème du Grand-Prix du Canada – 3ème du Superchampionnat de France - HVA

1983 : Champion de France 500 inter, 29ème du championnat du monde 500 (5 points) – Second du Superchampionnat de France (derrière Jacky Vimond) - HVA

1984 : 5ème du championnat de France 250 Inter – 23ème du championnat du monde 250 (une manche 5 en France, une manche 4 en Suisse pour meilleurs résultats). 4ème du Superchampionnat de France. Abandon de la HVA pour la Honda en cours de saison.

1985 : 3ème du championnat de France 250 inter, 12ème du championnat du monde 250 avec 92 points – 3ème du GP de France, 4ème en Suisse, 5ème en Afrique du Sud. – 4ème du Superchampionnat de France - Honda

1986 : 4ème du Championnat de France Open inter 250/500, 61ème mondial 250 (2points), Second de la Coupe des As - Honda

1987 : 7ème du Championnat de France Open inter 250/500, 26ème mondial 500 (28 points) , 6ème d’une manche en Autriche - Honda

1988 : 4ème du Championnat de France Open inter 250/500, 22ème mondial 250 (22 points), 10ème du Gp de France 250 - Honda